Comment faire le deuil d’un enfant? Le père a choisi de faire un ultime adieu à son fils dans une forme de déclaration d’amour. Une vie courte et dense qui ne méritait pas de finir ainsi.

D’un pas léger, arrive Paul Minthe sur scène avec une urne sous le bras. Calmement, il se dirige vers le banc, unique élément de décor. Il s’installe dessus et débute un échange unilatéral  entre un père et son fils. Un enfant un peu particulier qui assumait sa singularité. Bien entendu que les parents rêvaient d’avoir un fils « normal » faisant leur fierté et éventuellement rendrait jaloux les voisins. Pas de chance, il est autrement. Un choix de la différence qui provoque la violence, la cruauté et la méchanceté ordinaire. Elle est aussi bien présente au sein du cocon familiale que dans la rue. Etre travesti et prostitué en Italie est une prise de risque. A chaque sortie, il y avait la possibilité d’être tué ou agressé. Sa mère, elle préférait l’humilier à domicile. Les gens se moquaient d’elle dans la rue. Il était hors de question qu’elle défende sa progéniture. Le paternel vide son sac en omettant jamais de faire des parallèles avec la mythologie. Il nous explique tout ça jusqu’à ce passage pour traverser le Styx. Aucun échappatoire n’était possible.
©Alban Van Wassenhove
Est-ce que l’on s’attendait à ça avec le titre « Vêpres de la vierge bienheureuse »? Absolument pas. Ce n’est pas très important au final, notre attente. C’est ce que l’on a ressenti et ce qui reste après la représentation qui compte. Paul Minthe tient le récit à lui tout seul, simplement et sobrement. Il se déplace doucement dans l’espace. Avec force et fragilité, il soliloque  sur l’amour pudique qu’il portait à sa manière à son enfant sans jugement et sans apitoiement. Le texte d’Antiono Tarantino évoque des thèmes sensibles comme l’homosexualité, la pression sociale, la solitude, la religion et le suicide. Un seul en scène qui rend hommage à ces mots si forts et questionnant. La mise en scène de Jean-Yves Ruf est aussi épurée et délicate que la lumière de Christian Dubet. Ils vont à l’essentiel sans chichi. Seul le texte est à valoriser, le reste sert à le mettre en avant.
Une pièce intrigante et perturbante qui ne laisse aucun spectateur insensible.

Où voir le spectacle? 
Au théâtre du Rond Point jusqu’au 30 octobre 2022
Du mardi au samedi : 20h30 – dimanche : 15h30

 

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