William Shakespeare est un auteur qui a influencé des artistes de toutes les générations. Sara Llorca en fait partie et s’est reconnue dans « Le roi Lear ». Elle en donne sa version avec une vision très personnelle.

Quand on pense roi Lear, on pense un spectacle avec de nombreux comédiens, de fastes costumes, de riches décors… Sara Llorca, elle a pensé totalement autre chose. D’ailleurs, il est hors de question de jouer la pièce dans son intégralité. L’oeuvre l’a inspiré. Surtout qu’elle a pu faire des parallèles avec sa vie privée, notamment avec sa relation avec son défunt père, artiste. Donc pour raconter son histoire, elle a besoin d’être là, dans un univers simple. Quelques tapis arabisant, un coffre rempli de costumes élisabéthains et une couronne royale avec tout autour des spots lumineux comme sur un plateau de télévision. A ces côtés, Benoît Lugué à la basse et au chant incarne à sa façon le fou. Il n’est pas aisé de trouver la limite entre folie et sagesse. Sa musique construit une ambiance étrange et envoutante.

« Qu’est-ce qu’on fait avec Shakespeare? […] Qu’est-ce qu’on fait avec nos classiques? » Pourquoi pas un moyen de prendre son émancipation par rapport à son paternel? Donc la comédienne mélange la fiction et son récit personnel. « Je propose un dialogue avec un chef d’oeuvre ». Le roi Lear commence à se faire vieux et souhaite céder le pouvoir à ces filles. Pour bien décider lesquelles, elles doivent démontrer qu’elle est celle qui l’aime le plus. Cordélia n’étant pas très à l’aise avec les mots, ne convainc pas. Elle est chassée du royaume. « Grosse ambiance ». On suit alors les péripéties de cette fille réduite à vivre dans la forêt. « Moi aussi, j’ai un père et je suis sa fille. » Quand c’est le père qui est chassé de son trône, il retrouve la fameuse Cordélia. Puis normalement, c’est le drame. Mais ici, on choisit autre chose. Les retrouvailles sont fortes d’émotions et de désillusions.

Sara Llorca a extirpé toutes les scènes de violence et n’a conservé que la relation filiale avec les tensions psychologique. Son lien avec son patriarche est dans la même lignée. D’ailleurs, la voix off que nous entendons est celle de Denis Llorca. La fiction se mélange à la réalité. Un hommage critique rempli de tendresse, d’une affection sincère et de taquinerie. Elle est différente de lui et pourtant, impossible de renier une filiation forte d’autant plus avec la passion du théâtre. Un témoignage d’amour touchant. Pourtant quelques longueurs nous incitent parfois à nous déconnecter de cette réflexion construite. Au final, on a vécu une expérience singulière et marquante. Le bouillonnement et l’enthousiasme des artistes nous touchent et évoquent bien des choses à chacun.

Un voyage shakespearien où le personnel se mêle à la fiction où l’amour est roi et complexe.

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