Vendre sa maison semble un acte banal. Pourtant ce choix de couple cache un drame qui bouleverse une existence. Derrière des sourires de façade se cachent une blessure innommable.

Sur scène, un homme joue de la batterie. Une femme en robe de mariée avec une hache sur la tête et un homme en tenue de chevalier armée rentre dans la salle côté public. L’obscurité couvre tout l’espace. On les aperçoit par le biais d’une légère lueur. Que se passe t’il? Le spectateur est intrigué.

Le plateau s’illumine et on constate qu’elle est recouverte de confettis multicolores assez denses. Cela apporte beaucoup de beauté et de mystère. Puis assez vite, l’esprit post-fête retombe avec une phrase qui marque. A elle seule, elle pose l’aspect dramatique. Leur fille de 5 ans est morte. La souffrance est palpable même à demi-mot. Comment avancer dans la vie après ça?

Anna n’est plus la même. D’ailleurs, elle a invité les futurs propriétaires à venir le soir à la maison. Cette nouvelle n’enchante guère le mari. Il ne faut pas gâcher la vente. Et surtout personne n’est en état de faire du social dans un cadre si intime. Par conséquent le pire arrive comme prévu.

Impossible de se sentir impassible face à l’incarnation des personnages. Sophie Lebrun et Baptiste Legros jouent de façon incroyable les parents percutés par le deuil. Ils nous cueillent en plein coeur avec leur sensibilité si intense et si vraisemblable. Ils sont bouleversants. Inès Camesella et Martin Legros, les futurs propriétaires nous bluffent autant par leur sérieux et leur imbécilité. L’homme pose toujours les mauvaises questions avec les mauvaises réactions ce qui ajoute  du tragique. Un rôle pas facile à porter et qui est au combien utile. Un quatuor au combien complémentaire et talentueux. Nicolas Tritschler donne de la profondeur avec sa participation musicale.

La mise en scène de Sophie Lebrun et Martin Legros est également époustouflante. Ces confettis au sol contrastent tellement avec la situation si poignante. Aucune raison de s’amuser. A moins que cela soit des morceaux perdus des magnifiques souvenirs. Il y a tellement de jolies moments dans ce travail qu’il est difficile de parler de tous. C’est rare d’être à ce point touché par le cadre. Pourtant, un reste en mémoire plus particulièrement. La scène qui se déroule de nuit où l’on voit des nuages de fumée pour la brume, les cailloux qui permettent le bruit des pas et surtout le bout rouge des cigarettes allumées. Dans les ténèbres, c’est le seul élément qui indique leur présence. C’est tout simplement beau et d’une fantastique éloquence.

Un travail complet et magnifique qui nous trouble jusqu’aux larmes. Juste Bravo.

Où voir le spectacle? 
Le Monfort jusqu’au 30 mars 2023

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