C’est l’histoire d’un gars qui doit remplir un gobelet. Ce petit objet qui semble simple d’apparence cache un enjeu de taille. Lui permettra t’il de donner un nouvel élan dans sa vie?
Lorsqu’on arrive dans la salle, on pourrait être étonné des éléments de décors. On voit juste un tabouret et un gobelet en plastique. Certains pourraient dire : il n’y a que ça? Mais à cela on peut aisément répondre : aurait-il vraiment besoin de plus? Car ce qui compte, c’est que Marc Arnaud va nous raconter. Et il en a des choses à partager avec les spectateurs qu’il va cueillir avec une étonnante facilité grâce à la force de son texte et la fabuleuse performance de son interprétation. Le titre : « La Métamorphose des cigognes » n’a pas été choisi innocemment comme vous vous en doutez bien. Il révèle le parcours d’un homme qui a des soucis d’infertilité. On est à ces côtés face à ces incertitudes, ces peurs, ces doutes. On est dans cette pièce où il faut qu’il dépose sa semence dans le gobelet. Sa femme endormie attend la mixture pour avoir éventuellement un enfant, leur enfant. Cela devrait prendre très peu de temps, surtout qu’il y a un porno de disponible dans le lecteur DVD. Pourtant son cerveau se met à mouliner avec son flot de réflexions et de souvenirs. Veut-il vraiment devenir père?
La prouesse est déjà dans le sujet choisi, assez rarement abordé que cela soit au théâtre, en littérature ou en bande dessinée. On reste sur l’idée d’un autre temps que seule la femme est responsable. Sauf que la réalité médicale possède tout un autre discours qui est amené ici avec un témoignage. Est-ce vrai ou pas? Qu’importe. Puis il faut souligner impérativement l’excellence, le brio et la précision du jeu de Marc Arnaud. Il est tout simplement bluffant aussi bien dans la posture, les échanges de regard avec le public, le ton, les incarnations de tiers, l’occupation de l’espace, les silences… Un tel bijou brute mérite une grande attention car c’est un artiste très très prometteur à suivre que l’on retrouvera avec un plaisir immense. Pendant 1h05, il garde son énergie et sa passion communicatrice sans jamais se perdre, douter, se fatiguer. On est là captivé, à l’écouter attentivement et à rire et à réfléchir.
Ne passez pas à côté de ce spectacle brillant, drôle et intelligent. Vous en ressortirez les yeux brillants de satisfaction et avec pleins de sujets pour converser avec votre entourage.
Jusqu’au 31 mars 2022
La Scala Paris
13, boulevard de Strasbourg
75010 Paris