Un artiste de renommée internationale est invité une émission radio. L’interviewer va poser toutes les questions qui mèneront les auditeurs à découvrir toutes les facettes de l’homme. Les réponses données vont mener vers un inconscient bien sombre. Direction Une vie d’artiste. 


C’est qui Pascal Rambert? 
Pourquoi débuter ma chronique avec cette question? Parce que Pascal Rambert n’est pas un auteur contemporain ordinaire. Déjà, ce qui peut paraître un peu étonnant, il est toujours en vie. On oublie souvent que la Comédie Française ne joue pas que des auteurs morts d’une autre époque. On peut y voir des auteurs de notre temps, vivant avec une autre particularité. Ils peuvent même écrire pour la Comédie Française.

Pascal Rambert est auteur, compositeur, metteur en scène, scénographe, réalisateur, chorégraphe… On pourrait se demander ce qu’il ne peut ne pas faire. Il a dirigé pendant 10 ans le T2G (Théâtre de Gennevilliers). Maintenant, il est auteur associé au Théâtre national de Strasbourg, poste qu’il occupe depuis 2014 ainsi qu’au Théâtre du Bouffe du Nord à Paris depuis janvier 2017.

En 2005, il a mis en scène Le début de l’A. à la Comédie Française. Il revient cette année avec une création pour la Comédie Française pour 6 acteurs de la troupe et un enfant. Qu’elle histoire a t’il choisi de raconter? 


Qu’est-ce que raconte l’histoire? 
L’invité est un artiste de renommée internationale qui réalise des photographies principalement des portraits de visage et de sexe. L’interviewer veut en connaître plus sur son invité, sur sa vie, son inspiration, sa motivation… Il veut comprendre le lien entre l’oeuvre et l’artiste. Mais l’homme ne se montrer pas si coopératif. Il veut mener la danse et choisir ce dont il a envie de parler. C’est ainsi que les fantôme de son passé vont venir et dévoiler les traces de cet homme.

C’est la mère morte qui vient tout de noir vêtue en premier. Cécile Brune interprète avec brio cette femme assez dure. L’échange entre eux est plein de violence et de cruauté où l’amour maternel peine à s’imposer. Puis comme un fantôme, elle repars comme elle est entrée dans le studio. Puis c’est le premier amour, le fort, celui qui a tout chamboulé en lui qui arrive sur scène tout en blanc, joué par Jennifer Decker. Iris est morte aussi alors il met son nom dans toutes ces créations. Alors pourquoi ne l’a t’il pas choisi au lieu de sa femme?

Les ombres du passé ne vont pas s’arrêter ainsi. C’est le passé qui revient à travers lui enfant. A t’il changé? Ces aspirations ont-elles été modifiées? Puis, avant d’arriver vers la fin, c’est un vivant qui débarque. Le frère de l’invité, qui est devenu religieux pour fuir sa frustration. Et pour finir, le diable, pas vraiment celui des religions monothéistes qui vient chercher sa proie même si c’est fortement suggéré. Lui, c’était son meilleur ami qui malgré une différence social étaient toujours ensemble pour faire les 400 coups. Ils sont tous venus pour faire le point sur une vie. Tout est dit sans aucune censure. 


Les comédiens au pouvoir
Les créations proposées au Vieux Colombier sont toujours assez surprenantes. Des logorrhées trop lourds qui pêches par excès de zèle littéraire mais par chance, le jeu des comédiens rattrapent toujours les propositions. C’est le cas encore ici. Beaucoup trop de phrases trop longues, de silence et pas toujours très intéressantes. Il faut bien se concentrer sur le texte pour éviter de sombrer dans le sommeil. C’est d’autant plus difficile lorsque les gens qui vous entoure n’arrêtent pas de piquer du nez.

Je reste le regard dirigé vers la scène où des comédiens d’exception pratiquent leur art avec talent. L’artiste est interprété par l’excellent Denis Podalydès qui transforment tout ce qu’il touche en quelque chose de fabuleux. Il devient cet artiste détestable joué avec une justesse incroyable. Tout comme le frère, jaloux et frustré, campé avec folie par Alexandre Pavloff, qui tranche avec tous les autres jeux. Il occupe tout l’espace avec empressement, colère et désespoir. Une incroyable prestance qui donne au personnage son authenticité. Et enfin, j’ai adoré le calme et sa présence tranquille de Hervé Pierre. Il a une voix très agréable qui doit être génial à entendre à la radio.
Pascal Rambert le dit : « je n’écris pas sur la vie privée des acteurs, j’écris pour leur voix, leur corps, leur énergie, précise-t-il, ce sont des êtres humains, pas des personnages de papier ». 


Une mise en scène originale
C’est dans un studio d’enregistrement que se déroule l’histoire. Les murs d’isolations sont blancs et l’espace est assez bien délimité. Une porte de sortie avec une lumière rouge pour indiqué que c’est en enregistrement, un espace où doit être les techniciens pour la diffusion, une bonbonne d’eau, un grand canapé de coin en cuir, une grande table avec cinq sièges style année 70. Tout s’articule dans cet espace très grand.

Les actions sont ponctuées par un excellent jeu de lumière. Au dessus de la scène une dizaine de grosses lumières avec des filtres devant qui vont monter et descendre selon les besoins. Leur effet de mouvement est assez impressionnant visuellement. En plus, les couleurs vont changer selon les moments du passé qui vont être exploré avec du rouge ou du vert. Un magnifique travail de Yves Godin. Qui se complète très bien avec celui d’Alexandre Meyer qui lui a crée l’univers sonore souvent assez discret. Parfois le silence, puis en tendant l’oreille un son lointain est présent, récurent, qui impose le tragique à la situation.
Malgré un texte assez pompeux le travail des comédiens est extraordinaire et donne tout l’intérêt à la pièce. Les 1h50 passent plus vite et l’immersion dans le monde fou de l’artiste est plus directe.
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DISTRIBUTION

Équipe artistique :
Mise en scène et scénographie : Pascal Rambert
Costumes : Anaïs Romand
Lumières : Yves Godin
Musique et sons : Alexandre Meyer
Assistanat à la mise en scène : Maryse Estier (Académie de la Comédie-Française)

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