La compagnie 13 va donner vie à la terrible Marie Tudor. Fille d’Henri VIII et de Catherine d’Aragon, elle est la première femme à monter le trône. Une raison pour Victor Hugo de dépeindre une femme de fer destructrice au cœur fou d’amour. Quel avenir pour le royaume d’Angleterre ?

Un peu d’Histoire
Marie Tudor a été affublée de bien des surnoms : Marie la Sanglante, le Fléau de Dieu, Jézabel… Des appellations liées à sa folie meurtrière de vouloir tuer les protestants pour réinstaurer un catholicisme traditionnel qui va durer jusqu’à son décès le 17 novembre 1558. Elle a été reniée par son père, Henri VIII, lorsqu’il s’est séparé de Catherine d’Aragon. Il la contraindra à reconnaître que l’union entre lui et sa mère était « incestueux et illégal ». Cependant, le roi, dans son testament, la réintégrera dans l’acte de succession, comme ces trois autres enfants Edouard, Marie et Elisabeth. Elle prendra le pouvoir à la suite du décès, d’Edouard, enfant roi à la santé fragile. Sa revanche sur sa destinée marquera son époque. Agée de 37 ans, l’horloge biologique commence à se faire entendre. Son cousin Charles Quint lui conseille d’épouser son fils, Philippe d’Aragon. Ainsi il pourra faire une bonne alliance contre la France, contre Henri II. Le 10 octobre 1553, l’ambassadeur Simon Renard, confident de reine lui offre la main de l’infant. C’est à ce moment de l’histoire que Victor Hugo a décidé pour placer son récit.

 

Une plongée au cœur de l’amour passionnel
Nous avons d’un côté une femme politique et religieuse au tempérament de feu, n’hésitant jamais à couper des têtes. Et de l’autre une femme éperdument amoureuse d’un homme, Fabiano Fabiani, qui lui fait perdre toute raison. Un comportement qui n’est pas du goût de l’ambassadeur d’Espagne. Il va alors tout faire pour pousser la reine à la raison et lui révéler la véritable nature de l’homme qui lui a promis fidélité. Elle arrive à le confronter au fait qu’il l’a trompé en lui présentant son amante, Jane. Le fiancé de la belle demoiselle, Gilbert, triste et blessé, est prêt à tout pour sauver l’honneur de la fille, même à laisser la reine de disposer de sa vie. Mais des sentiments conflictuels entre la trahison et l’amour passionné taraude au plus profond la Reine qui s’égare. Faut-il le donner en pâture au peuple qui grogne ? Il y a surement un moyen de satisfaire le peuple et la reine. Cependant, est-ce que tout le monde sera satisfait ?

Le talent au service d’un texte
C’est un décor assez simple avec deux rideaux, pouvant changer de couleurs, que la compagnie 13, nous emmène aussi bien dans les ruelles malfamés que dans la tour de Londres. Il ne fallait rien de plus pour nous plonger au cœur d’une histoire où les intérêts de la couronne sont en rivalité avec l’amour.

Séverine Cojannot interprète avec puissance et force, cette reine despotique. Dans une robe rouge, elle y joue avec subtilité la femme pragmatique, passionnée et déraisonnable. La tension va monter d’un cran lorsqu’elle et Jane (Joëlle Lüthi), en robe blanche, côte à côte, vont entendre le tintinnabulement de l’horloge sonnant minuit, annonçant l’arrivée de l’homme, caché d’un voile, au pied de l’échafaud. Qui va perdre la tête le gentil Gilbert, magnifiquement joué par Pierre Azéma ? Ou le séducteur, Fabiano Fabiani, interprété avec fougue par Frédéric Jeannot ? Les coups de canon annoncent la montée sur l’échafaud jusqu’au coup fatal. Le cœur des deux femmes palpite. Leurs cris et leurs pleurs se mélangent. Le silence dans la salle se fait. Qui va mourir ce jour ? Les spectateurs sont captivés par le jeu juste et passionné de l’ensemble de la compagnie. Il ne faut pas oublier le sérieux de Pascal Faber dans le rôle de Simon Renard et l’inquiétude et la fourberie de Pascal Guignard.

Un spectacle vraiment captivant, interprété par des passionnées qui mettent leur art au service du théâtre. Un excellent moment que je vous conseille très fortement.

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