Il est bien difficile de faire reconnaître ses créations quand son père est un illustre auteur. Mais cette légende reflète t-elle vraiment l’homme qu’il a été ? Sous cet éclat, n’existe-t-il pas des failles ?

La traductrice et adaptatrice de la pièce, Caroline Rainette s’intéresse à une œuvre de jeunesse de Stefan Zweig. Une histoire où la lumière et l’espoir se font ressentir et où un lendemain meilleur se trouve être possible. Friedrich se trouve écrasé sous la mémoire de son père, l’illustre poète Karl Amadeus Franck tellement vénéré. Comment écrire sans ne pas être toujours comparé à ce génie ? Cette question le tourmente. Face à son désarroi la biographe officielle du paternel, Clarissa von Wengen, va lui faire des révélations qui vont apaiser sa peine. L’homme n’était pas si éclatant, une partie obscure de sa vie sommeille dans les non-dits. Ces vérités permettent de faire apparaître au jeune homme alors une part d’humanité que le talent avait voilé. Un nouveau départ alors se profile à l’horizon.

Sur scène, il n’y a plus six mais deux interlocuteurs. Les autres personnages sont évoqués au présent via une voix off. Ce choix d’un duo permet de créer une atmosphère intime qui renforce les confidences, l’écoute et la proximité auprès du public. Les metteurs en scène et comédiens, Caroline Rainette (Clarissa von Wengen) et Lennie  Coindeaux (Friedrich Franck) rentrent dans la peau de leur personnage pour leur donner vie avec intensité, fougue et passion. On s’immerge avec eux dans ce monde bourgeois rempli de jugement et d’hypocrisie. Un temps où les mots prennent un nouveau sens car enfin, le jeune écrivain va pouvoir tuer le père pour vivre librement.

Le décor tout comme les costumes sont simples mais permettent de nous au coeur du 19ème siècle. Ces éléments entrent en résonance avec la projection d’extraits de films du début du siècle. L’éclairage va accompagner ce parcours vers la vérité. Le jeune homme va sortir de l’ombre, de sa peur pour enfin se diriger vers la lumière et la confiance. Des choix discrets toujours bien orientés pour guider le spectateur au plus proche de l’histoire et de la tension qui se fait ressentir.

La compagnie Etincelle ne manque pas d’idées pour briller sur scène. Les œuvres de Stefan Zweig ont encore de beaux jours devant eux.

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