Le cirque contemporain a de beaux jours devant lui. Surtout avec Lolita Costet, Valérie Benoît, Grégory Arsenal, Philip Rosenberg, Yannick Thomas et Andrei Anissimov qui mettent leur imagination au service de leur talent. Ils affirment leur singularité dans leur création « La nuit du cerf ».

Le cirque Le Roux se fait connaître grâce à leur premier magnifique et époustouflant spectacle « The Elephant in the room » joué plus de 400 fois dans le monde. Dans cette première création, la compagnie affirme son identité visuelle et artistique en référence au cinéma américain. Leurs forces reposent sur un très grand sens de la mise en scène et du jeu et la perfection des acrobaties . Des atouts qu’ils reprennent pour leur deuxième opus portant le nom intriguant de « La nuit du cerf ». On ne s’étonne pas de voir au début un grand rideau de tulle sur lequel est projeté le générique avec une musique envoutante, créé par Alexandra Stréliski, avec la présentation des saltimbanques avec leur nom de personnages et leur vraie identité. Puis un des circassiens vient au devant de la scène, James, pour nous dire que bientôt il va mourir. Le temps tourne. Pour savoir comment, nous allons découvrir les circonstances de ce funeste évènement en direct live. Le décor se dévoile avec une grande belle demeure avec plusieurs pièces. Toute une famille se retrouve pour l’enterrement de Miss Betty. L’occasion favorise les mésaventures pour les trois enfants. 

L’aventure peut se résumer dans la citation de Hunter S. Thompson « La vie ne doit pas être un voyage en aller simple vers la tombe, avec l’intention d’arriver en tout sécurité dans un joli corps bien conservé, mais plutôt une embardée dans les chemins de traverse dans un nuage de fumée, de laquelle on ressort usé, épuisé, en proclamant bien fort : quelle virée! ». Progressivement, on se sent emporté par un vent de folie où amour, amitié et règlement de compte sont les bases de toutes les relations. Le tout emballé toujours du cinéma influence Nouvelle vague française et mouvement Grindhouse américain des années 70. Les costumes ne sont pas en reste avec des vêtements adaptés tout en couleurs et en folie. Tout y passe aussi bien le caleçons que les robes. Cirque Le Roux avec Clarisse Baudinière ont vraiment imaginé des tenues originales, sexy et pratiques.

Nous assistons à des numéros d’une grande précision particulièrement avec les acrobaties au sol. Des lancées, des portées, des réceptions où la taille et la force des porteurs contrastent avec celle des deux demoiselles qui voltigent avec grâce. Les six circassiens montrent également l’étendu de leur talent avec la contorsion, le trapèze, le fil de fer et même le patin à roulettes. Rien ne les arrête pour mettre leur technique au service de l’émerveillement. Et surtout ils n’omettent jamais d’introduire de l’humour avec des petites choses qui font toujours mouches. 

On salue l’intelligence de la scénographie de Charlotte Saliou dans toute la construction du spectacle. Surtout sur la scène de fin qui est époustouflante. Des décors qui sont démontés intégralement pour laisser place à une plateforme mouvante sur laquelle différents agrès se combinent pour mieux nous subjuger.  Sans oublier l’importance de la lumière qui créé cette ambiance si particulière et valorise au mieux les choses primordiales. Pierre Berneron montre à son tour son habileté à la magnificence. Une équipe qui a su combiner son adresse, sa dextérité et ses aptitudes à faire une proposition audacieuse et créative. Même si l’on a déjà assisté à une représentation, on revient avec plaisir pour voir une performance toujours aussi stupéfiante. 

Une oeuvre de « ciné-cirque » renversante qui saura vous dérouter et vous surprendre aussi par la beauté que la tendresse. Ne passer pas à côté de ce bijou brut.

 

Où voir le spectacle? Au 13e art jusqu’au 14 janvier 2023  

 

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