L’amour a t’il une forme particulière? Il frappe partout et tout à chacun. Etes-vous prêt à l’accueillir les bras grands ouverts sans jugement?
En 1995, le film « Gazon Maudit » réalisé par Josiane Balasko connaît un grand succès. Même pour l’époque, c’était très osé de parler d’homosexualité et d’autant plus d’en faire une comédie. Alors que dire quand c’est adapté au théâtre? Là, il en faut de l’audace. Hélène Zidi s’empare du scénario et se lance pour relever un défi de taille. Comme cela reste une comédie populaire, on ne va pas passer à côté de son lot de stéréotypes. Bonjour les propos insupportables, misogynes, racistes, homophobes… Le mec est le cliché, bien trop réaliste, du bon gros naze bas de plafond qui mise tout sur son apparence. Grâce à sa physique et ses yeux bleus, il peut coucher à volonté avec une foultitude de demoiselle tomber sous le charme de sa virilité. Le mythe du mâle qui a des besoins à satisfaire à la vie dure. Mais quand la femme reprend le pouvoir, cela change la donne. Elle va user de sa beauté, parler de ses envies, de ses besoins pour impulser une nouvelle dynamique. A son mari maintenant de faire un choix : soit il reste et il accepte ou soit il part et divorce.
Parler du couple, de l’infidélité, ça va au théâtre. On peut même dire que c’est une grande partie du fond de commerce du spectacle vivant sur la capitale. Par contre, quand il est question d’évoquer de la sincérité des émotions, d’homosexualité féminine et masculine, le trouple, un enfant sans père… là c’est plus compliqué. A cela se rajoute la forte présence du corps. Tout est en rapport au corps, au sien, à celui des autres proches ou non. Mila Michael s’impose naturellement sur scène. Il faut dire que son esthétique joue grandement en sa faveur surtout qu’il est très sexualisée. Il s’oppose encore plus à celui de Manon Gauthier, qui est la camionneuse lesbienne, petite et potelée. Même schéma pour les deux hommes avec le charme de Paul Valy versus Jordan Topenas, le meilleur pote, gauche et chauve. Les antonymes s’affichent pour mieux faire passer un message de tolérance.
Ce qui marque surtout dans le spectacle, c’est cette présence du corps. Ils se touchent, s’embrassent, s’enlacent, s’effleurent, se battent…. Tant d’affection face au public et sur 90 minutes surprend car c’est rare. Et cela va aller jusqu’à la nudité, caché en partie quand même. Rassurez-vous nous ne sommes dans une critique de la société intello. Nous assistons à une bonne comédie à voir entre potes. Les rires sont très nombreux, collectifs et sincères. Le temps s’envole très rapidement. Même les gens qui ont des gros aprioris se laisseront prendre par l’énergie communicative des comédiens qui semblent être heureux d’être là.
Une comédie audacieuse qui ose bousculer les codes pour faire rire et réfléchir.
Où voir le spectacle?
Les enfant du paradis jusqu’au 31 décembre 2022