« On peut rire de tout mais pas avec tout le monde » disait Pierre Desproges. Matthieu Delaporte veut relever ce défi en parlant d’un sujet au combien sensible : la mort. Et pour le prouver il écrit une pièce où il annonce tout dans le titre : « 1h22 avant la fin ».

Au tableau de créativité de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, auteurs, scénaristes, réalisateurs, producteurs, on compte plus d’un spectacle et plus d’un film. Leurs noms sont connus principalement du grand public pour leur première pièce : « Le prénom ». Le succès est tel qu’elle est adaptée dans 45 pays puis en film en 2012 avec à la clé le César de la meilleure actrice dans un second rôle à Valérie Benguigui et le César du meilleur acteur dans un second rôle à Guillaume de Tonquédec. Matthieu Delaporte s’essaie pour la première fois à l’écriture seul avec « 1h22 avant la fin » et le duo met en scène. Jouer avec des sujets pas vraiment consensuel est vraiment leur créneau. Alors pourquoi ne pas raconter l’histoire d’un gars qui veut se suicider et qui n’y arrive pas? Et pour le rebondissement, la Mort vient frapper à sa porte pour l’emporter vers la suite de son chemin. Pas de chance pour elle, Bertrand n’est pas encore mort. D’où vient le problème alors? « Pas facile de mettre fin à ses jours quand on cherche à vous tuer ! ».

Crédit photo : Pascal Gély

Pour appâter le chaland, une nouvelle fois ils choisissent des têtes d’affiche intergénérationnelles avec d’un côté Kyan Khojandi qui s’est connaître grâce à « Bref » et de l’autre Eric Elmosnino connu pour son rôle dans « Le coeur des hommes ». La paire d’artistes n’est pas à leur première sur les planches. D’ailleurs, aucun n’incarne quelque chose propre à leur carrière. Et c’est d’autant mieux car on ne leur demande pas vraiment de faire le show dans de l’improvisation comique. Le texte se veut plus subtile, entre lieux communs et improbabilités sur toile de fond d’humour noir. Il se met en place un jeu entre personnalités sur la valeur de la vie, du travail, du relationnel… Bien entendu, en sort quelques bons mots qui font leur effet jusqu’à nous faire oublier que tout tourne autour de la mort et que la fin est inéluctable au bout d’un temps donné. Les deux comédiens laissent la place un instant à une troisième interprète, Adèle Simphal, qui va incarner l’éphémère beauté d’une rencontre impromptue. On se laisse porter simplement grâce aussi bien aux saltimbanques, au décor simple et efficace, la musique, l’action assez lente, le travail de la lumière de Laurent Béal et Didier Brun… Au final, on passe une bonne soirée sans être contrarié que tout se termine mal. Un choix singulier qui n’est nullement dérangeant. On peut dire que Matthieu Delaporte a relevé son défi.

Une pièce absurde et cocasse qui pousse à réfléchir et à prendre des risques pour trouver ce qui peut nous faire sentir mieux.

Jusqu’au 31 mars 2022

A La Scala
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris

 

 

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