Georges Feydeau devient comme Molière, un auteur présent dans tous les théâtres de France. Le Lucernaire accueille sa très courte pièce en un acte, « Léonie est en avance »avec la compagnie La cantine. Allons à la rencontre de cette femme sur le point d’accoucher.
« Léonie est en avance » a été joué pour la première fois sur la scène de La Comédie Royale, le 9 décembre 1911 et commence depuis le 11 mai 2016 au Lucernaire. 105 ans plus tard, les pièces de Feydeau occupent toujours les planches. Le collectif La cantine a décidé de s’emparer de cette histoire pour la raconter autrement avec une mise en scène légèrement décalé.
Léonie va bientôt accouché. Elle est à son huitième mois et les contractions ont débuté. Son mari, Julien Toudoux, l’aide à marcher pour faire passer la douleur. Il subit aussi les sauts d’humeur incessant de sa femme qui va jusqu’à le pousser à se mettre un pot de chambre sur sa tête. Puis les beaux-parents arrivent, ils lui reprochent d’avoir mis enceinte leur fille trop tôt après le mariage tout en lui disant préalablement qu’ils aimeraient bien être grands-parents. Se rajoute à cela la bonne, Céleste qui n’est pas très aimable et l’accoucheuse, Mme Virtuel qui est assez bizarre. Le bébé tarde à venir. Cela ne sera ni une fille et ni un garçon, c’est juste une grossesse nerveuse. M. Toudoux va en entendre parler pendant un moment de cette histoire.
L’histoire est assez loufoque. Le metteur en scène, Antonin Chalon a décidé alors de faire de quelque chose de très particulier alors sur les planches. Il choisit de s’inspirer des costumes, des décors et des coiffures des années 50. Il place la sage-femme, Mme Virtuel au cœur de l’histoire et donne au personnage certaines caractéristiques. Tout d’abord, elle se comporte un peu comme Sherlock Holmes en quête du mystère de la vie et étudie tout en regardant ce qui l’entoure. Mais surtout, ce sont les mimiques qu’elle produit avec l’exagération des actions. Elle pourrait ne pas parler et juste s’exprimer avec son visage. Florence Fauquet illumine le spectacle de sa présence avec son comportement extrêmement absurde. Cette comédienne possède un talent comique inné.
Le côté décalé se retrouve aussi avec des incursions de vidéo qui sont censés montrer les rêves de deux personnages sur fond sonore de The Velvet Underground. C’est sympathique mais cela n’apporte pas grand-chose à l’histoire. Le but devait d’être de mettre une touche d’humour. Je vais en plus titiller sur un détail. Mais si un homme rêve de femmes nues, à mon avis elles ne se cachent pas les seins pas pudeur. Une petite chose qui m’a surprise.
Lorsque Léonie est en train d’accoucher, le metteur en scène insiste sur le côté horrible de l’action en cours. Ainsi à grand renfort de lumière verte, rouge et de fumée, on devine l’enfer qui s’y déroule. C’est une bonne idée qui permet en plus de bien situer les espaces de la maisonnée. Le travail de la lumière se retrouve aussi pendant la pièce avec des spots sur certains comédiens pendant des réflexions, du sommeil… C’est bien amené et j’ai trouvé que cela mettait de la finesse dans le récit.
Par contre, je suis déçue sur le choix du côté absurde. J’adore quand les choses sont décalés et le Lucernaire sait en proposer comme récemment To be or not to be . Il ne faut pas essayer de vouloir faire un peu de traditionnel et un peu d’absurde pour toucher un plus large public. Il faut trancher et aller jusqu’au bout de ces idées. J’ai trouvé que ce n’était pas assez poussé et d’autres spectateurs ont trouvé étrange ces incartades loufoques. Chacun ces sensibilités mais au final l’avis est le même : l’idée n’est pas assez aboutie soit d’un côté ou soit de l’autre. Cela fait qu’il y a des variations de rythmes assez importantes qui cassent toute dynamique.
Heureusement, les comédiens sont très bons et c’est ce qui fait que je suis restée attentive pendant l’1h10 de spectacle. Augustin Bouchacourt (Julien Toudoux), Mathilde Charbonneaux (Mme de Champrinet), Florence Fauquet (Mme Virtuel), Victoire Goupil (Clémence) et Manon Rey (Léonie Toudoux) donnent toute leur énergie dans leurs personnages et dans l’histoire. Ils croient en ce spectacle et cela se ressent. Ils donnent de leur cœur et de leur enthousiasme. Grâce à leur talent, l’histoire fait sa place et garde captif un spectateur qui a bien du mal à rester totalement accroché.
Un spectacle est bien et correct dans le global mais qui reste quand même ennuyant. Ce n’est pas forcément la meilleure pièce de Feydeau, mais j’ai si peu rigolé et si peu souri. Alors si vous ne connaissez pas l’auteur, n’allez pas le découvrir au Lucernaire avec cette pièce. Malheureusement, je suis obligée de le dire. Passez votre chemin.
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