capture-d_ecc81cran-2016-03-03-acc80-17-03-48Le musée de l’histoire de l’immigration accueille un spectacle dans le cadre de son exposition temporaire, Frontières. Le collectif Bonheur Intérieur Brut décide d’immerger le spectacteur dans un camion au plus près des conditions de voyage des migrants à quelques heures de la frontière anglaise. Pour un voyage, il va falloir prendre un ticket.

Pour mieux comprendre parfois, il faut essayer d’expérimenter et faire l’expérience sensorielle. Alors le collectif Bonheur Intérieur Brut n’a pas souhaité uniquement raconter une histoire et mettre les spectateurs en face d’eux, assis sur des sièges. Il a décidé de les transformer en spect-acteur et de les plonger dans un lieu pour essayer de comprendre. C’est ainsi qu’il propose jusqu’à 50 personnes d’aller dans un conteneur, derrière un camion pour évoquer les conditions de voyage des migrants clandestins. Ainsi le spectateur se confronte à l’expérience physique du voyage, du noir et de la peur.

Le collectif s’est inspiré de témoignages et de rencontres auprès de migrants en partance ou qui ont réussi à passer dans ces conditions en espérant un avenir meilleur. Alors pour emmener le spectateur au coeur d’éléments de compréhension, on nous a placé à l’extérieur en bas des marches. Soudainement, un homme débarque en costume, chemise ouverte et poils luisants. Il se présente et énonce les règles très simples. Il garantie le voyage pour arriver en Angleterre. Par contre, pour que tout se passe bien il faut écouter les consignes. A partir de maintenant, tu n’es plus personne. Tu lui donnes tes papiers, tu ne parles plus et tu fais tout ce qu’il te demande. D’ailleurs, c’est avec autorité et agressivité que les ordres sont données. Puis c’est pour une course derrière la cité en se cachant et en silence. Du moins, avec une certaine tentative de silence.

Une classe avec des collégiennes était de la partie. Alors comment dire que le fait de faire silence et d’essayer de ne pas trop ouvrir sa bouche est impossible pour les demoiselles. Cries, hurlements, rires se succèdent pendant l’heure de l' »expérience ». Une fois que le groupe de 40 personnes a fait sa course, il est enfermé dans un conteneur. Très vite la chaleur monte et devient étouffante. Un fond sonore avec des témoignages est diffusé mais impossible d’entendre avec les adolescentes surexcités.

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Quand soudainement, deux hommes, Mohand et Meng débarquent par le haut du conteneur, se sont des cris qui émanent. L’un chinois et l’autre je ne sais pas trop et discutent en anglais, la langue internationale. Ils répétent souvent qu’il ne faut pas avoir peur. Puis les bruits à l’extérieur commence à se faire entendre, on devine des passeurs, des chauffeurs et puis après c’est la police qui va intervenir. Et des coups sont données sur la carcasse métallique et les cris à l’intérieur résonnent. Impossible de comprendre ce qui se dit dehors. Surement des échanges autour de la thématique de l’immigration.

Après un certain temps, les portes s’ouvrent enfin, la police pénètre dans le box, pousse des cris puis les participants sortent dehors prendre l’air où il grêle et il y a de l’orage. C’est fini l’expérience. Après on peut retrouver toute l’équipe pour un échange. Les adolescentes bruyantes ont été ravies car elles ne sont pas très bien senties d’où les cris.

J’avoue que sous couvert de faire un spectacle entre documentaire et fiction, on mets des gens dans des box surchauffé. Je n’avais pas besoin d’y aller et d’être enfermé pour m’imaginer la difficulté d’une partie de trajet. On nous que l’on peut trouver jusqu’à 200 personnes dans ce box et que l’expérience est poussée jusqu’à 50 personnes. Pourquoi ne pas jouer le jeu plus au bout? J’avais l’impression d’être dans une reconstitution qui ne m’a pas tellement touché au final et peut-être que les adolescents n’aidaient pas. Mais j’ai déjà été touché par des témoignages, des rencontres, des photos… Je m’attendais à être bouleversé, pleines de réflexions avec pleins de questions à la compagnie. Alors que je me sentie vide, sans que cela m’ai apporté quelque chose. Une expérience un peu décevante.

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Le collectif veut pousser les gens à réfléchir et à discuter, c’est très honorable dans la démarche. Toutefois, je ne suis pas si convaincue pour le résultat.

 

 

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Distribution
Auteur et metteur en scène : Jack Souvant
Scénographie : Eric Soyer
Création sonore : Marc Nouyrigat
Techniciens son ( en alternance ) : Yann Priest et Pierre Routin
Chargée de production : Agathe Delaporte (AKOMPANI)
Avec (en alternance) Frank Baruk, Farid Bentoumi, Gilles Guelblum, Tella Kpomahou, Jean Leloup, Minman Ma et Jack Souvant.

 

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