Aff_PrixT13_petiteLe troisième spectacle du Prix Théâtre 13, jeune metteur en scène 2015 n’est rien que moins qu’Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare, mis en scène par Vincent Thépaut. Prêt pour un voyage dans une tragédie revue de façon totalement loufoque?

Antoine et Cléopâtre fait partie des tragédies historiques de William Shakespeare. Passionné d’Histoire, il parle de cet amour incroyable de Cléopâtre avec Marc-Antoine. Une passion ravageuse qui va déchaîner les foudres d’Octave César. L’auteur prend quelques libertés pour y rajouter bien des combats, du sang et de la folie. Vincent Thépaut va s’en approprier d’ailleurs pour sublimer cette violence qu’il va transposer à une société contemporaine. Ici, pas de numérique, d’espace délimité au sol, toute la scène est consacrée à l’histoire et la simplicité du décors permet de servir au mieux l’histoire.

Isabel Aimé Gonzales
Isabel Aimé Gonzales

Cléopâtre (Isabel Aimé Gonzales) est une très belle femme qui a son caractère. L’amour est une belle chose qui l’anime. Après avoir aimé passionnément César, elle aime d’autant plus Marc-Antoine (Luca Besse) qui néglige son poste pour rester auprès de sa belle. Alors le triumvirat créé va s’effondrer et donner naissance à une guerre. Octave (Romaric Séguin) aidé d’Agrippa va triompher sur la mer et sur la terre malgré Pompée (Simon Falguière). Marc-Antoine va alors se suicider pour éviter la honte et Cléopâtre le suivra en se faisant mordre par un serpent. (Une légende qui n’a pas été validée par les historiens. La référence au serpent de la croyance catholique est passée par là.)

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La mort de Cléopâtre. Gravure de George Noble, d’après un tableau d’Henry Tresham. 1801. Acte V. Scène II.

Le metteur en scène a fait le choix de transposer l’histoire à nos jours. Ainsi les servantes Iras (Béatrice Aubazac) et Charmiane (Elsa Foucault) de Cléopâtre portent des chadors tout en étant nues dessous, font des prières comme des catholiques et honorent ses dieux polythéistes. Marc-Antoine, tient en blond, un physique légèrement bedonnant, porte un costume tout de blanc vêtus. L’eunuque, fidèle de la reine d’Egypte, porte une chemise hawaïenne et reste très détendue. Octave, lui reste plutôt rock, surtout lorsqu’il se met à chanter. Car ici, il n’est pas seulement question de look, coco. La musique à tout sa place. On y chante de façon très sensuelle aussi bien Je t’aime.. moi non plus de Serge Gainsbourg que La chante mi cantare de Toto Cutugno. Sur le côté de la scène, un dj (Florian Choquart) qui met l’ambiance selon les circonstances qui s’habillent aussi selon les besoins des personnages qu’il doit incarner.

J’ai vraiment adoré l’ingéniosité du metteur en scène dans les déplacements, les décors.. Tout, tout simplement. Quelle bonne idée cette carte que l’on voit de face au début du spectacle puis qui devient une table où les combats prennent vie entre les bateaux en bois et l’affrontement réel des personnages pour finir avec les tables bout à bout dans un certain ordre, en fond de scène pour la fin d’un tout. Même si je n’ai pas trop aimé la façon de montrer Cléopâtre comme une femme qui change de camps selon les besoins et soumise, l’interprétation est en tellement extraordinaire, que je pardonne ce choix. Et quelle fin, après que Marc-Antoine meurt dans le bocal à poisson qui est un tombeau pour l’occasion, Cléopâtre refusant être exposé comme un objet, prend le serpent qu’elle dépose sur son sein. J’étais dans l’histoire à fond malgré mon très mal-odorant voisin.

Je pourrais vous parler encore un moment de l’ingéniosité de la mise en scène très riche et pleine d’énergie mais point trop n’en faut. Je repense au théâtre traditionnel shakespearien et je ne peux m’empêcher de sourire de ce spectacle qui transmets toujours la tragédie mais avec une dérision extraordinaire et très moderne. Un coup de coeur vraiment pour ce véritable travail dans l’adaptation, la traduction, la mise en scène et aussi l’incroyable jeux des comédiens très talentueux. J’espère que ce spectacle trouvera d’autres endroits pour faire découvrir l’Histoire autrement.

Marc-Antoine : Je baiserai la mort jusqu’à ce qu’elle m’aime, je vais être une arme mille fois plus génocidaire que sa faux. 

Lien vers le Théâtre 13

 

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Pour découvrir l’histoire de Cléopâtre
Cléopâtre

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