Le quotidien d’une femme mariée peut vite tourner à l’ennui et la solitude. Parfois, quand un homme lui montre de l’intérêt, elle peut se laisser aller. Par contre, elle ne s’attend pas forcément à la terrible vengeance de son mari.

Irène trompe son mari avec un homme qui fait attention à elle, considère son avis. Elle arrive à organiser son temps jusqu’au jour où une jeune femme débarque chez elle. Souriante, elle lui avoue être la fiancé de son amant, Edouard. Elle ne lui veut aucun mal. Ce qu’elle souhaite, c’est de l’argent pour lui faire du chantage, encore et encore. Irène terrifiée, accepte. Elle fait ainsi son premier pas dans un engrenage effrayant du mensonge. Jour après jour, l’angoisse, la peur montent en elle et la transforment. Y a-t-il une échappatoire possible ? Va-t-elle devoir tout perdre ? Doit-elle se suicider pour éviter le déshonneur? 

Les nouvelles de Stefen Zweig inspirent bien des metteurs en scène. Toutefois « La peur » est rarement adaptée au théâtre. Elodie Ménant relève ce défi haut la main en adaptant le texte, en réalisant une sublime mise en scène et en incarnant brillement l’épouse. Elle va à l’essentiel avec ces quelques panneaux roulant qui nous plongent à la fois dans l’intérieur bourgeois des années 50 et la rue. On pourrait croire qu’elle a tout pour être heureuse avec le confort moderne : téléphone, radio, mixeur… ainsi que des serviteurs. Elle porte une élégante toilette qui souligne à merveille son corps filiforme. Tout comme sa coiffure très distinguée qui pose son statut social. Le contexte est posé avec beaucoup de finesse.  

Le trio composé d’Elodie Ménant, d’Aliocha Itovich et Ophélie Marsaud joue en total harmonie. On ne doute pas de leur complicité, leur haine et surtout leur peur. Elodie Mélant est cette femme délaissée que l’on manipule pour qu’elle avoue à son mari son aventure. La folie doucement l’a gagne grâce à l’agile manipulation. Qu’elle est la limite de l’acceptabilité? On sent que le public trésaille lorsque résonne le cri de souffrance de la compagne. Tout comme le moment où le mari s’apprête à la frapper pour qu’elle avoue son adultère. Le retournement de situation rend les choses encore plus dramatique et touchante. Nous sommes transi d’effroi face au supplice et au désarroi. Leur talent et leur savoir-faire est un immense hommage à l’auteur autrichien qui retranscrit merveilleusement bien les noirceurs de l’âme humaine. Quel incroyable spectacle qui mérite au combien les très chaleureux applaudissements; 

Une aventure théâtrale haute en émotions qui vous touchera en plein coeur. Attention, vous n’en ressortirez pas indemne.  

Où voir le spectacle? 
A la Scala jusqu’au 10 mai 2024

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