Le titre « Huis clos » évoque bien entendu Jean-Paul Sartre mais aussi une référence à l’enfer. Certains diront qu’ils ont déjà vu/lu et que ce n’est pas la peine d’aller voir l’adaptation sur scène. Cela serait bien une erreur de jugement car il est toujours dommage de passer à côté du brio d’un texte et d’artistes.

Le spectacle a été pour la première fois joué en 1944 au théâtre du Vieux Colombier à Paris. Le succès depuis ne s’est pas démenti. On trouve régulièrement des adaptations par-ci, par-là. Et parfois, il y en a une qui sort du lot. Marianne Basler, Maxime d’Aboville/Guillaume Marquet, Mathilde Charbonneaux, Antony Cochin/Brock s’emparent à merveille du texte et lui donne vie. Dès que la porte s’ouvre sur la scène où l’on voit une pièce avec des objets recouverts de plastique. Jean-Louis Benoit et Antony Cochin jouent avec ce que l’on voit lorsque la porte s’ouvre vers une sorte d’espace infini. Aucun doute, nous sommes dans un espace isolé où il semble difficile de s’enfuir.

Les plastiques s’envolent au fur et à mesure que les protagonistes arrivent. Un premier qui permet d’avoir la toile de fond puis avec les deux femmes tout se dévoilent. Trois canapés se font face, une cheminée sans feu, une sculpture, une table et un ouvre lettre. Voilà le cadre où les compères d’infortune vont devoir cohabiter. Ils apprennent à se connaître, à s’aimer et se haïr en même temps. Pourquoi sont-ils coincés en enfer? Entre l’homme de lettres, la femme superficielle et la femme sarcastique rien ne peut coller. Ils s’affrontent à coup de mots, de réflexions, de postures et tout éclate.  «  Tous ces regards qui me mangent. […] Pas besoin de gril, l’enfer c’est les autres.  » L’enfer n’est pas la torture physique infini mais c’est de ne jamais pouvoir s’extraire du jugement d’autrui.

Les comédiens nous plongent direct dans ce récit torturé, violent, percutant, sans demi-mesure. Tout sonne juste aussi bien le ton, les attitudes, les regards… Jean-Louis Benoit les valorise chacun dans une mise en scène précise qui leur permet de briller dans la lumière pour retomber dans l’obscurité de leur infini. Il met tout en place afin de mettre en avant leur talent, leur volonté et leur passion. Car ls sont bluffants de vérité, de souffrance et de sadisme. Le trio se renvoie la balle avec vivacité et ténacité nous faisant autant rire que réfléchir. Comment gérer la honte de soi devant le regard inquisiteur des autres? Indéniablement, il ne faut guère passer à ce de ce « Huis Clos »  saisissant, vivifiant et drôle.

Une pièce formidable qui rend le pouvoir à la littérature et à la philosophie. La force des mots, l’intensité du jeu, l’impact réflexif, voilà ce qu’il faut retenir.

Au Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris

 

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