Quel regard porter sur le monde, sur les images qui nous sont présentées et sur l’actualité ? Andrea Badea propose de nous indiquer un chemin à travers une performance sur la scène du Théâtre de la Cité Universitaire. Elle tentera de nous donner des éléments de réponse ou de question. A vous de voir.

Lorsqu’on pénètre dans la salle, on découvre sur scène une femme derrière son ordinateur, un homme qui joue de la guitare et un grand écran. Sur ce dernier défile des photos liées à la fuite d’hommes et de femmes due à des conflits armés. Personne ne fait vraiment attention à ces images qui défilent devant nous. Chacun discute avec son voisin en parlant de la pluie et du beau temps. Puis le noir tombe le silence s’installe. Une image reste sur l’écran.

Alors débute la performance. Andrea Badea, assise devant son ordinateur, face au public, commence à écrire un texte sur un logiciel de traitement de texte. L’image sur l’écran laisse place à ce texte qu’elle écrit. Tout le monde peut le lire et suivre le cours de son idée. Elle écrit au photographe qui serait à l’origine de l’image précédemment montrée. Elle s’interroge sur l’image. Est-elle prise sur l’instant ou est-elle mise en scène? Que veut-il dire ? Quel message veut-il faire passer ? Est-ce ces images ont-elles encore un sens ?

Trois échanges de mails vont se faire. Nous pourrons lire le mail d’Andrea et elle nous lira la réponse imaginaire de Yann. K , que nous pouvons également lire sur l’écran, en direct de sa boîte yahoo. Pour accompagner ces échanges, le musicien Benjamin Collier compose au fur et à mesure, en live, une ambiance avec sa guitare électrique avec grands renfort de matériel électrique. L’alliance des deux fonctionne. La metteure en scène nous précise : « Souvent, les spectateurs nous disent qu’ils n’arrivent pas à comprendre si c’est le texte qui influence la musique, ou la musique qui influence le texte. Ce sont les deux. On est en dialogue. » Les spectateurs sont captifs et se posent des questions. Qui a prêté attention à ces premières photographies ? Est-ce qu’à force de voir l’horreur, nous y devenons insensibles ?

Comment l’auteur a-t-elle fait ces choix de mots et d’images ? Elle répond : « La photo est choisie la semaine avant la représentationLe scénario est conçà partir de cette photo. Les personnages restent à peu prêt les mêmes, mais ils peuvent évoluer dune représentation à une autre. Le texte du photographe que je lis pendant le spectacle est écrit quelques jours avant, mais le texte de cette femme qui regarde la photo est écrit au présent. Je ne le prépare pas».Mais le message ne change pas. Qu’elle est le rôle des images au final ? Ne devons-nous pas nous poser nos questions sur nos choix face à situations critiques? Pouvons-nous nous voir encore l’horreur et la souffrance qui nous entoure ? Sommes-nous encore sensible à la détresse humaine ? On ne l’a voit peut-être plus dans l’image, mais la voyons-nous ou voulons-nous la voir dans notre quotidien ? «La photo est un prétexte pour déclencher une parole poétique intérieure » nous dit Andréa Badea.

La forme surprend et reste intéressante dans le cadre d’un format court. Mais elle a le défaut de l’avantage de poser des questions en sortant de la salle. Le spectateur ne peut pas totalement sortir indemne.

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