Hector est atteint de collectionnite aigue. Tout ce qu’il peut trouver de l’étiquette de la boîte à camembert jusqu’au badge électoral, il collectionne tout. De ce fait, il se sent exclut de toute vie sociale. Jusqu’au jour où toute sa vie va basculer.

La vie d’Hector se résume en des routines. Commencer des collections hasardeuses, les arrêter, aller au travail dans l’entreprise de son frère et les repas du dimanche chez les parents. Puis un jour, il craque et va essayer de se suicider. Résultat, 6 mois dans une maison de repos. A sa sortie, pas le choix de reprendre le cours de sa vie où elle s’était arrêtée. Mais que dire à ces collègues et sa famille pour justifier son absence ? Pourquoi pas un voyage aux States ? Pour sembler crédible, pas le choix il faut apprendre le plus de chose possible sur le pays. Pour cela, direction la bibliothèque. Et c’est que devant une carte des Etats-Unis, il rencontre une femme, Brigitte. La femme de sa vie. Très vite, ils vont vivre ensemble et même se marier. Une scène du quotidien va complètement bouleverser Hector. Comment ne pas être bouleversé par sa femme qui nettoie les vitres ? Il veut collectionner ces moments qui lui procurent beaucoup de plaisir. Et en plus, il ne serait pas le seul.

Photo tous droits réservés Fabienne Rappeneau. 

C’était un vrai régal de retrouver la compagnie C’est-pas-du-jeu que j’avais découvert dans « La vie bien qu’elle soit courte » du bulgare Stanislas Stratiev au Lucernaire. Cette fois encore, Sophie Accard et Léonard Prain, décident de se lancer un défi en adaptant le roman à succès de David Foenkinos « Le potentiel érotique de ma femme ». L’esprit absurde et décalé a très bien été restitué dans un rythme assez effervescent. La scénographie, un peu rétro de Blandine Vieillot accompagne à merveille la vie des personnages. Trois espaces scéniques permettent aux comédiens de changer d’univers assez rapidement entre la salle à manger des parents, à l’appartement d’Hector et celui de chez Marcel et Laurence. Le reste de l’espace se consacre à tous les autres lieux comme un guichet de la poste, la salle de compétition pour le badge de campagne ou la bibliothèque.

 Pour créer le lien entre ces endroits nous avons un maître de cérémonie qui nous raconte l’histoire que nous voyons, subliment interprété par l’élégant Léonard Prain. C’est une touche de génie dans la mise en scène pour donner vie aux personnages du roman de David Foenkinos. Léonard Boissier interprète avec sérieux Hector et Sophie Accard joue avec innocence Brigitte. Les autres comédiens vont devoir faire preuve de précision car en un clin d’œil il se transforme. Anaïs Merienne joue à la fois la mère coincée qui ne fait que de la soupe en repas du dimanche et une joueuse de ping-pong qui adore palper les testicules de ces invités. Sans oublier d’autres personnages secondaires comme la concierge, la collègue de boulot, la collectionneuse anonyme… De même pour Jacques Dupont qui est à la fois le père qui porte la moustache en hommage à son grand-père terrassé par un régiment allemand et Marcel, le meilleur ami d’Hector, lui aussi collectionneur sans oublier le collègue de bureau ou un suédois. Et enfin, grand coup de chapeau à Benjamin Lhommas qui interprète de nombreux petits rôles tels celui du présentateur, du frère d’Hector, Ernest qui a toujours des phrases spirituelles à partager, le docteur, un collectionneur anonyme, le postier, le livreur. Mais surtout un rôle phare dans celui du beau-frère d’Hector, Gérard. Un homme simple d’esprit, un peu bagarreur sur qui toute sa famille compte. Une vraie tête de champion.

Les personnages sont plus loufoques et singuliers les uns des autres. Mais impossible de ne pas être touché par ces êtres humains si fragiles et attendrissants. On retrouve la force du texte de David Foenkinos. A travers des mots simples, il raconte des histoires légères d’apparence qui sont toujours pleines de fantaisie et de subtilité. Il faut toujours chercher à découvrir ce que l’on peut voir derrière les apparences. Ainsi on découvre des choses improbables qui vont alors changer des vies, voir même la vision du monde. Il ne faut jamais oublier la touche de douceur, de bienveillance et d’humour. Jamais on ne cesse de rire pendant 1h20. Nos zygomatiques en reste pas longtemps en repos.

Alors si vous avez envie d’en savoir plus sur le potentiel érotique de la femme d’Hector et de connaître ces amis et sa famille, je vous invite à contacter le théâtre 13 Jardin. Bonne soirée garantie en perspective.

A voir si
– vous adorez David Foenkinos, 
– vous aimez l’absurdité,
– votre hobbie est de nettoyer les vitres.

Ne pas voir si
– si vous adeptes des comédies grand public, les blagues sont moins prévisibles et plus subtiles, 
– si vous êtes collectionneur compulsif, 
– si vous n’aimez pas passer de bonnes soirées.

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