Asseyez-vous bien confortablement dans votre siège. Vous allez prendre en pleine face un texte brutal et d’une terrible violence. KO assuré.
Quatre hommes et deux néons verticaux. Voilà ce que nous voyons assis. Doucement le noir s’installe sur scène et des cris se font entendre. Un homme dans l’encadrure de porte regarde l’endroit d’où viennent les hurlements. Pour lui, rien de choquant dans ce qui est entrain de se dérouler. Puis un homme sort et demande à un autre d’entrée. C’est son tour. Il doit aller frapper l’homme au sol. Tous se retrouve sur scène et la violence prend un autre aspect. Elle se montre face au spectateur. On nous montre les coups. Mais on nous montre la manipulation pour inciter les gens à torturer les autres. Parfois la frontière entre victime et bourreau se trouble.
Sylvain Levey sert un texte aiguisé, pointu, précis et cruel. Il suffit à certains de se sentir supérieur pour justifier toute les cruautés. Deux personnes peuvent mettre la pression à un troisième pour l’inciter à faire ce qu’il ne pensait possible. Le quatrième subit. Pas besoin de repère temporaire ou géographique. Nous sommes aujourd’hui, hier et demain. La nature de l’Homme ne change pas avec la peur de l’autre, le suivisme, la lâcheté, l’égocentrisme… Ghyslain Del Pino, Christophe Gravouil, Yann Josso et Nicolas Sansier interprètent leurs rôles avec conviction et efficacité. Car le mal-être ne nous quitte jamais à chaque minute qui passe. Le rituel de torture nous glace le sang. Les applaudissements ne font pas enthousiasme. Il faut digérer le coup que nous venons de prendre en plein coeur.
Un spectacle qui ne nous laisse pas ressortir indemne. On réfléchit à la violence, au harcèlement, aux montées des extrêmes…
