Le rideau s’ouvre sur un univers où le strass côtoie les paillettes. Avec Dérapage, leur nouveau spectacle, les Sea Girls livrent un music-hall désopilant et émouvant, porté par une mise en scène inventive et audacieuse. Ce trio talentueux bouscule les codes, mêlant théâtre, burlesque et comédie musicale pour embarquer le spectateur dans un voyage fou et sincère au cœur des coulisses de leur vie d’artistes.
Quand on voit un jour un spectacle des Sea Girls, on a envie de les suivre dans toutes leurs nouvelles aventures. Elles nous invitent avec grande générosité et panache dans leur univers irrésistible. Dérapage est une ode au music-hall mêlant plumes, paillettes, rires dans une énergie contagieuse. Judith Rémy, Prunella Rivière et Delphine Simon, toujours aussi rayonnantes après 20 ans de carrière, nous embarquent dans un spectacle aussi déjanté que sincère, où la frontière entre scène et coulisses se dissout pour laisser place à une avalanche de rires et d’émotions.
Dès les premiers instants, on est face à des loges colorées qui envahissent le plateau, ornées de costumes fabuleusement extravagants et de miroirs lumineux. Derrière un rideau doré, on aperçoit les silhouettes des Sea Girls qui chauffent déjà la salle avec leurs voix puissantes. Et puis, les voilà qui déboulent, pleines de fougue, jonglant entre leurs changements de costumes express et des dialogues du quotidien, pleins d’honnêteté, sans faux semblant. Sous la direction de l’ingénieux Pierre Guillois (Dans ton coeur, Bigre ou Les gros patinent bien), maître de la fantaisie et de l’absurde, Dérapage s’impose comme une célébration débridée du cabaret revisité avec son lot de courses poursuites, de chutes, de tenues improbables, des objets volants… Grâce à une direction scénique audacieuse , chaque tableau est minutieusement réglé pour provoquer des éclats de rire, pour nous surprendre, tout en nous offrant des moments de tendresse et de réflexion.
Les chansons, signées Prunella Rivière et orchestrées par Fred Pallem, sont de véritables bijoux d’une grande créativité. Elles jonglent entre légèreté et profondeur, abordant des sujets aussi variés que les aléas du quotidien d’artistes de tournée, les affres de la cinquantaine, l’amour inconditionnel du spectacle et l’amitié. Impossible de ne pas être touché par l’autodérision et la sincérité des Sea Girls, qui jouent à merveille de leurs petits travers et des grandes questions qui les animent. On est forcément sous leur charme. Les trois artistes excellent dans l’art du burlesque : entre costumes improbables, chorégraphies pleines de malice et dialogues ciselés, elles nous offrent un spectacle total où la magie opère à chaque instant. Les musiciens, eux aussi, ne sont pas en reste : non contents d’accompagner le trio de leurs accords enlevés, ils participent activement à l’humour et à l’énergie folle qui habitent le plateau. On applaudit grandement le choix de costumes pour eux.
Quelle fantastique capacité à briser le quatrième mur, comme elles aiment à le dire, pour inclure le public dans leurs délires sans jamais perdre le fil. Les Sea Girls nous embarquent dans leur loge, dans leurs souvenirs, dans leurs rêves d’artistes, leur folie douce. C’est avec un plaisir communicatif qu’on plonge avec elles dans cette aventure rocambolesque et pleine d’humanité. Au-delà des rires et des paillettes, Dérapage est aussi une belle réflexion sur l’art de continuer, de persévérer, de se réinventer. Ces trois femmes exceptionnelles nous rappellent avec brio que le music-hall, c’est aussi un travail exigeant, fait de passion, d’efforts et de solidarité. Grâce à ça, en sortant de la salle, on se sent revigoré, les zygomatiques en feu et le cœur gonflé d’une belle énergie. Alors, si vous cherchez une échappée belle, un moment de pur bonheur pour oublier la morosité ambiante, courez voir les Sea Girls. Elles dérapent avec classe, on adore ça et on en redemande.
Avec Dérapage, les Sea Girls offrent une performance éclatante où se mêlent rire, émotion et une bonne dose d’autodérision. Ce spectacle est un hommage jubilatoire à leur parcours, une déclaration d’amour au music-hall et une célébration de l’amitié indéfectible qui les unit. Entre éclats de rire et moments de tendresse, elles confirment leur statut de reines fantasques de la scène. Le public, conquis, repart le sourire aux lèvres, avec l’irrésistible envie de prolonger la fête et d’applaudir encore ces trois étoiles audacieuses et pétillantes.
Où voir le spectacle?
A la Scala jusqu’au 23 février 2025