Jeanne a plus qu’une allure de guerrière. Le combat fait partie de l’essence de sa personne. Aujourd’hui, elle n’est plus une enfant maltraité et elle a dompté sa colère.

Dans la pénombre, des chuintements se font entendre. Julie Duval, alias Jeanne, son alter ego, fait des mouvements de boxe en avançant sur scène. Progressivement, elle est mise en lumière et apparaît aux yeux de tous. Seule sur la scène, elle retrace sa jeunesse. On rencontre son père, maladroit, égoïste et macho, qui lui transmet la passion de la boxe. D’ailleurs, pour ces 8 ans, elle reçoit des gants et cela l’enchante. A l’école quand une enseignante lui demande : « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard? ». La réponse n’est pas un métier. C’est juste un espoir : « Je veux partir. » Et majeure, c’est ce qu’elle fera, la volonté de changer au creux de son coeur.

Julie Duval incarne à merveille une kyrielle de personnages. Une attitude, un léger accent, une grimace et l’illusion se fait. On ne s’y trompe jamais et on admire son savoir-faire. Elle se donne à 2 000% et occupe tout l’espace. On voyage à ces côtés, même quand il y a quelques brèves longueurs. Tout est abordé simplement comme les premières règles. Plus d’une femme dans le public se reconnaît et on le sait aux rires discrets qui se font entendre. Tout le monde pourra s’identifier  dans plus d’un moment, aussi bien de joie que de tristesse. Ce n’est pas par hasard que les applaudissements sont si forts et si longs. Elle a su touché par sa sincérité sans trop de pathos.

La mise en scène est simple et efficace. On y voit juste un banc, des gants, des chaussures à talon et un sac de frappe. Toute sa vie repose dans ces élèments. Silhouette musclée, allure souple et déterminée, du genre qui ne s’en laisse pas conter par qui que se soit. Elle n’a pas besoin de plus qu’une tenue de sport confortable avec un short et une brassière. Sa vie reste un combat surtout contre sa colère, sa haine, sa violence intérieure. Le comportement inacceptable de son père, le harcèlement scolaire, le viol par un de ces amis… plus jamais, elle n’acceptera cela.

La boxe et le théâtre lui ont permis de se canaliser. Les récits de vie du passé et du présent s’entremêlent pour nous permettre de voir l’évolution de cette nana pas si ordinaire. Elle se prépare pour son premier championnat de boxe à Paris. L’important est de donner le meilleur de soi-même, entouré de gens de confiance. Grâce au dynamisme de la comédienne on sent L’Odeur de la guerre. Grâce à cette énergie communicative, à sa détermination, elle est là, devant les spectateurs. Une douce musique avec un fondu noir, nous permette aussi d’entrée en émotions avec elle. Une vraie combattante de la vie que l’on a envie de mieux connaître.

Etre une femme n’est pas un handicap. Si les parents n’en sont pas convaincus, c’est à chacune de se le prouver pour avancer sereinement. L’important n’est de jamais baisser les bras.

Où voir le spectacle? 
La Scala Paris jusqu’au 18 mai 2025
13, boulevard de Strasbourg
75010 Paris

Durée : 1 h 15

Crédits photo : Thomas O’Brien

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