Certains individus peuvent écrire leur autobiographie tellement leur vie a été riche. C’est le cas de Richard Bohringer qui n’a guère cessé de bourlinguer dans le monde. Dorénavant, il se rapproche de la mort alors c’est le moment de se raconter.

La mise en scène de Romane Bohringer est simple, efficace et pleine de tendresse. Sur scène, il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’élèment, juste le nécessaire est utile. Un porte manteau avec une veste, une table basse pour poser la lumière ainsi qu’une bouteille d’eau et un verre rempli d’eau. Puis un fauteuil confortable avec un pupitre avec le texte à lire. Et en fond, juste une grande toile pour accueillir les projections. Le cadre est posé. Dorénavant, on peut laisser la place à l’artiste.

Richard Bohringer arrive sur scène au bras de sa fille. Il avance doucement. Pas après pas. Nous découvrons un papi. Comment pourrait-il en être autrement? Le comédien gardait son physique et sa candeur d’un homme de 50 ans dans notre imaginaire. Comme l’image, il ne pouvait pas vieillir. C’est un déni d’accepter aussi que le temps passe pour nous, spectateur. L’horloge de l’infini concerne tout à chacun. Une fois cette surprise passée. Il se met à parler, on retrouve sa voix si singulière et chaleureuse. C’est bien lui. On se rend compte qu’elle a l’légèrement changé également. Son rythme, le temps de respiration lui donne une nouvelle rythmique. Mais cela rajoute plus de charmes à ses souvenirs qu’il est venu partager.

Dans ces quinze rounds, il nous parle de sa faim de vie, d’amour et de passion. Il en fallait toujours plus. Comment alors ne pas basculer à un moment donné dans les excès avec la drogue, l’alcool et le sexe? Quand il s’en sort, il dévore encore la vie avec plus d’appétit. Malgré avoir rencontré une femme, Marguerite, qui lui donne une fille, Romane, il part prendre la mer. Impossible de rester en place. Sa place c’est partout. L’évocation de ces voyages lui font briller les yeux de plaisir. Les souvenirs il en a à revendre. L’Afrique l’a profondément touché. Il a trouvé quelque chose là bas qu’il n’a trouvé nulle part ailleurs. « Elle est loin ma terre d’adoption ».

Il s’attarde sur des choses essentiels à son existence : l’Amour. Celui avec un grand A qui a bouleversé chaque étape de son avenir. Sa grand-mère lui a tout donné, c’était sa raison de vivre qu’importe les emmerdes qu’il générait. Puis Romane avec qui ils ont passé du temps sur les routes, des hôtels miteux et des restaurants chinois. Maintenant, ils sont sur scène ensemble. « Il faut souvent beau avec toi ma fille. » Il poursuit sa déclaration d’amour sincère. « Tu m’as appris la paix avec le théâtre ». Une autre femme partage sa vie qui lui a offert des enfants qu’il aime plus que tout. Bien qu’il a 82 ans, il a toujours des projets, des envies… Il veut continuer sa quête d' »être un meilleur humain » et de « chercher sa profondeur ».

Grâce à tout son parcours depuis qu’il est né, il dit avec un sourire discret et sincère : « Merci la vie ». L’heure s’est écoulé en un instant. L’émotion est palpable dans l’air. Le noir de rigueur qui signale la fin de la représentation incite tout un public à se lever. Des larmes coulent par ci par là. Les applaudissements continuent encore et encore face à un homme simple, honnête et passionné. Certains osent crier « BRAVO » pour lui dire félicitation et merci d’être là. Peut-on trouver plus belle preuve d’amour d’un public, toujours là?

Un magnifique spectacle d’un parcours d’un homme en quête de sens. L’Amour lui a ouvert les portes du monde et du ravissement.

Où voir le spectacle? 
Au théâtre de l’Atelier jusqu’au 12 novembre 2023

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