L’amour est une source inépuisable d’inspiration. Ce n’est pas Samuel Beckett qui dirait le contraire. Pour en avoir la preuve, rien de tel que de s’immerger dans l’un de ces premiers textes écrits en français.
Samuel Beckett aime raconte une histoire à la première personne. Est-il le narrateur? Une certitude, son récit s’inspire très grandement de sa vie. Il n’écrit pas pour le théâtre, il fait juste une simple nouvelle. Mais qui a dit que les mots ne pouvaient pas connaître une autre dimension, une autre dynamique? Dominique Valadié et Alain Françon ont décidé de lui proposer une autre dynamique que tout à chacun pourra apprécier. Pourrait-il en être autrement?
Dominique Valadié occupe l’espace. Son charisme naturel impose déjà quelque chose. On la regarde avec curiosité, impatient de savoir ce qu’elle va nous raconter. Elle personnifie l’homme, celui qui aime tant l’amour surtout celui physique. Il ne faut pas s’attendre à de longues effusions. Ce n’est pas le style du bonhomme. Lui s’amuse à casser le rythme, jouer avec les virgules, titiller les répétitions… Et dans la bouche de la comédienne, tout cela prend une autre dynamique, plus réaliste. Pas une seule seconde, on trouve cela saugrenue qu’il n’y a pas de rôle masculin. Nous sommes juste dans une aventure très particulière, touchante et cocasse interprétée par une talentueuse artiste.
Elle agit naturellement dans une mise en scène assez sobre. Une chaise, une valise, quelques vêtements et cela suffit amplement. On peut s’interroger sur la présence des écrans derrière le public où le texte et les consignes de déplacements sont inscrites. Cela gène un peu quand on est sur le côté. Cet artifice n’a pour but que de satisfaire l’exigence des ayant-droits de Beckett qui l’imposent. Est-ce vraiment nécessaire pour dire que le texte est lu alors qu’il est incarné? Allez comprendre. Qu’importe, le plus important repose sur les émotions fortes et sincères ressenties. On sourit, on s’amuse, on réfléchit et le temps file à une vitesse incroyable. Surtout que la saltimbanque saisi les spectateurs ici et là dans un regard complice. Quel moment unique et singulier qui redonne les lettres de noblesse à la littérature.
Un sublime et délicat spectacle qui se savoure simplement et entièrement.
Où voir le spectacle?
La Scala
13, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Métro : Strasbourg Saint-Denis