Quand on commande un cadeau pour Noël, on ne sait pas toujours d’où il vient. Quelle n’est pas la surprise du petit garçon de trouver une lettre sans sa boîte de jeu. Il découvre alors le Pays-de-la-Fabrique-des-Objets-du-Monde et bien d’autres choses encore.

Comment parler de l’exploitation des enfants dans des usines, des longs trajets que les objets doivent faire pour arriver auprès des consommateurs, des différences sociales, de la guerre…? Le spectacle vivant semble l’endroit le plus approprié pour créer une fable politique. Olivier Letellier a été cherché l’auteur Yann Verburgh pour qu’il puisse trouver les mots justes et appropriés. Surtout sans devoir tomber dans la culpabilisation ou la tristesse. Il faut que cela soit constructif avec une part de fantaisie et surtout d’espoir. La base de l’inspiration est des villages en Chine où il ne reste que les vieux et les enfants. Les adultes sont partis produire à la ville pour gagner de l’argent. On transpose dans un monde imaginaire et l’on rencontre Li-Na et Tao. Deux enfants qui profitent totalement de leur liberté pour faire tout ce qu’ils leurs passent par la tête. Ils sont tellement liés, qu’ils font un pacte de rester toujours proches. Mais un jour Tao doit remplacer son frère à l’usine car s’étant blessé, il ne peut plus travailler. Son amie doit rester seule. Comment l’accepter?

©Christophe Raynaud de Lage

Elle s’y refuse et part au Pays-de-la-Fabrique-des-Objets-du-Monde. Elle fera tout pour le retrouver qu’importe ce que cela lui demande comme effort ou comme renoncement. Que ne ferions nous pas pour les gens que l’on aime? Elle doit faire face à une réalité des plus difficiles dans ces usines où l’on fabrique à la chaîne des objets qu’ils ne peuvent avoir. Pas le droit de parler et surtout effacement de ton identité. Tu deviens un  numéro. Grâce à sa détermination, elle retrouvera son ami et génère une révolution d’affirmation. Elle va aussi influer l’occident grâce à une lettre qu’elle glisse discrètement dans une boîte de jeu qu’elle assemble. La demoiselle explique les horribles conditions de travail. Le garçon qui reçoit la boîte à l’autre bout de monde est chamboulé par les mots. Il veut savoir s’ils sont vrais. Que cela soit son père, le vendeur de jouets, le maire… tous refusent de s’intéresser à ça. La maîtresse à l’école l’écoute et lui donne l’opportunité de s’exprimer auprès des autres élèves. Ensemble, ils ont décidé aussi d’agir pour changer les choses. Une histoire au combien maline, brillante et tellement intelligente. Impossible de pas être captivé et touché par un tel récit surtout que tout se termine bien.

©Christophe Raynaud de Lage

Pour la mise en scène, Olivier Letellier a décidé d’y mettre aussi une grande dose de poésie et de délicatesse. Pas le choix face à la saisissante aventure émotionnelle proposée. Il décide d’utiliser des caisses en plastiques vertes foncées et bleues. Ainsi en s’empilant, elles deviennent des immeubles, des airs de jeu, des chaînes de fabrication… D’un ingénieux clipsage les unes sur les autres, le monde de tous les possibles devient réel. Nous sommes éblouis par tant de magnificence. Surtout que les comédiens les manipulent simplement, avec aisance et logique. Tout est amené adroitement. Pourtant tout se construit devant nous. C’est intégré dans le jeu des comédiens qui se donnent avec témérité, fragilité et pudeur. Ils sont lui, ils sont elle. Ils sont simplement au service d’un récit d’une force incroyable. Et Fiona Chauvin, Anton Euzenat, Perrine Livache, Alexandre Prince et Antoine Prud’homme de la Boussinière convainquent et ce dès les premières minutes. Ils jouent avec habilité pour donner de la beauté comme avec ce fameux pissenlit symbolisé par un diabolo. Tout est tellement rempli d’élégance de sensibilité. Tout a été façonné au cordeau que cela soit l’interprétation, la lumière, le son, les costumes… Quel réel plaisir de voir des créations d’une telle splendeur et d’un tel discernement. Comment ne pas avoir envie de devenir un spec’acteur pour changer le futur?

Un sublime spectacle jeune public à voir absolument pour découvrir encore la force du spectacle vivant et des artistes de talent.

Où voir le spectacle? 
Les Abbesses jusqu’au 18 mars 2023
31 Rue des Abbesses
75018 Paris

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