Il y a des évènements qui marquent la vie. Pour Solal, c’est la mort d’un chanteur qui change à jamais la donne. A partir de ce moment tout est remis en cause.

Pourquoi un spectacle devrait suivre une logique avec un début, un milieu et une fin dans cet ordre? Après tout, seule l’existence possède cette logique nécessaire : avoir une date de fin. Est-ce que si l’on proposait aux parents de choisir la date le jour et le comment de la mort de leur descendance, cela serait mieux? Solal Bouloudnine nous prouve avec beaucoup d’humour que non. Depuis qu’il a pris conscience que « tout a une fin », à 6 ans, 11 mois et 6 jours, tout l’inquiète d’autant qu’il est maintenant père. Les choses s’embrouillent dans sa tête alors pourquoi ne pas commencer par le milieu pour finir par le début car « c’est le début qui est responsable de la fin »?

Le brillant comédien organise à merveille son chaos. L’ingénieuse mise en scène et mise en lumière prévoient tout jusqu’au moindre petit détail. Cette précision permet l’efficacité et l’efficience d’un spectacle déroutant et réflexif. On s’émerveille aussi bien de la performance de l’homme, des mots que des bibelots. La passion, l’enthousiasme, la conviction émergent de l’artiste comme si c’était une évidence que sa place était sur un plateau face au public. Et en effet, on ne peut en douter un seul instant. Qu’importe ce qu’il raconte, cet orateur hors peine emmène avec lui tout le monde. On le suit avec exaltation nous parler de la vie et mort de Michel Berger, de son père chirurgien, de sa mère juive, de ses névroses… Qu’importe l’âge, chacun s’identifiera à des instants de son parcours. L’intelligence repose aussi d’explorer ses failles comme ces forces qu’elles soient réelles ou imaginaires. Une matière à rire, à s’interroger avec des photos, des vidéos et des objets d’enfance. Le choix de tout raconter dans sa chambre d’enfant n’a rien d’innocent, tout est tiré au cordeau. Tout cela nous fait oublier la notion de temporalité mais quand même « on ne peut pas lutter contre la fin ». On repart réjouit d’avoir vu cet OTNI (Objet Théâtrale Non Identifié) audacieux et drôle.

Ne passez pas à côté de cette pépite ambitieuse, amusante et originale.

Jusqu’au 18 février 2022

Théâtre 13 Bibliothèque
30, rue du Chevaleret
75013 Paris

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