Il y a des moments dans la vie où l’on rencontre des tournants importants. Vous vous trouvez face à l’improbable et vous donnez tout votre coeur pour espérer qu’il se passe quelque chose de significatif. Prendre une respiration peut tout changer.
Quand on est une personne publique connue à travers le petit et/ou le grand écran parfois on veut tenter l’aventure des planches. On ne compte plus les présentateurs télé ou héros d’une série expérimenter malheureusement le théâtre. Par contre, si vous oubliez votre texte ou que vous vous tromper d’émotion, personne ne va dire « On coupe et on recommence ». Vous n’avez le droit qu’à une seule prise directe face à un public curieux et exigeant. Romane Bohringer fait parti de ces rares artistes qui ont plus d’un talent à leur arc. Elle ose aller seule sur une petite scène au plus proche des spectateurs qui l’entoure. Par conséquent, elle n’a pas le droit à l’erreur, à l’hésitation ou au doute. C’est là que son adresse, son habileté et son savoir-faire se révèlent.
Quand le noir se met en place, assise sur un siège, le regard perdu, elle se lève et impose avec légèreté et délicatesse son charisme naturelle. De sa voix rauque et chaleureuse, elle devient dès les premiers mots une mère dans un hôpital au chevet de son enfant. Elle lui insuffle de prendre sa première respiration seule. Pour impulser cette envie à sa petite, elle lui parle avec fougue, passion et exaltation du monde d’avant, de maintenant et de demain. Sans oublier sa famille qui l’attend avec impatience pour lui donner tant d’amour. Des aventures incroyables l’attendent et pour ça, il faut devenir autonome dès à présent. Vivre est un combat de chaque jour.
On écoute attentif, accrocher à chacun de ces mots, si vifs qu’ils n’arrêtent de fuser. Comment ne pas être sous le charme de cette femme pleine de tendresse, de fragilité, de dévouement? On a envie d’aller vers elle, de lui tenir la main pour la soutenir et la serrer dans nos bras. Elle est si simple, pieds nus, un jean, un tee-shirt blanc, un haut de kimono élégant. Elle incarne une vraie femme, une vraie maman dans la peur, pleine d’espoir et de bienveillance. On la regarde comme on lui prête l’oreille. Les images qui défilent en fond d’écran deviennent presque inexistantes tellement que nous sommes en écoute active. Même constat pour ces kakemonos transparents semblables à des pupitres qui s’oublient également.
Sophie Maurer ne pouvait rêver meilleure comédienne que Romane Bohringer pour donner vie à son texte. La demoiselle n’est pas à son galop d’essai. Elle a déjà publié plusieurs romans, écrit des scénarios récompensés, des pièces de théâtre et même des feuilletons radiophoniques. L’ambiance se fait grâce au travail discret et précis de Bruno Ralle, habitué du monde du spectacle. Confortablement assis derrière son kakémono transparent, avec un clavier, une guitare et un téléphone portable, il créé un univers soulignant avec élégance chacun des mots. Un duo très complémentaire donnant naissance à une représentation exceptionnelle et mémorable. Les très sonores applaudissements en sont la meilleure preuve.
Une pépite chaleureuse pleine de tendresse qui donne à chaque spectateur une dose d’espoir avec le sourire. Que rêver de mieux surtout quand c’est réalisé avec des artistes talentueux et passionnés.
Où aller?
A La Scala Paris
Jusqu’au 8 octobre 2022
Du jeudi au samedi : 19h30
Texte : Sophie Maurer
Avec : Romane Bohringer et Bruno Ralle
Mise en scène : Panchika Velez