Il y a des femmes qui mettent leurs convictions au service de la justice. C’est le cas de Gisèle Halimi n’hésitant jamais à se battre pour des causes justes. Ecoutons ces paroles pleines de force, de courage et de témérité.

On pourrait être surprise par la petite taille de la salle. Toutefois, on comprend très vite qu’elle est au final idéale pour l’histoire qui va nous être racontée. Nous voilà plongé au plus proche d’un parcours hors du commun d’une femme exceptionnelle. Les confidences sur les évènements de la vie de Gisèle Halimi se fait à travers deux talentueuses comédiennes. L’une après l’autre, elles se partagent la parole. Ariane Ascaride et Philippine Pierre Brossolette s’imposent avec beaucoup de naturel dans cet exercice assez difficile. Complices et heureuses d’être là, elles nous portent dans une aventure incroyable écrite par Gisèle Halimi et Annick Cojean.

A 10 ans, elle avait fait un choix radical par rapport à la destinée que sa famille la conditionnait. On lui avait pourtant répété qu’une femme est inférieure et un homme et doit le servir. Il est hors de question qu’elle serve ces frères car ils sont capables de se débrouiller par eux-mêmes. Et ce principe qu’elle devient une femme au moment de ces règles car elle est bonne à marier, elle s’y refuse. Quand elle demande à sa mère pourquoi tant d’inégalité? « C’est comme ça » répond elle simplement. Pourquoi se contenter de cette réponse? Secrètement, la jeune fille suit des cours, toujours première de sa classe. Sans surprise, elle devient avocate, faisant dorénavant la fierté des parents. « Ma mère a été la source de tous les combats afin que les femmes ne lui ressemblent pas ».

La rage, la colère, l’iniquité sont les moteurs qui la pousse toujours à aller plus loin. Défendre l’outragé contre un système, voilà ce qui la motive. Et des luttes acharnées, elle en a à son compteur. « La justice est une grande affaire de ma vie », pourrait-on en douter? L’émotion touche chaque spectateur présent qui rit autant qu’il pleure. Comment pourrait-il en être autrement? Une éloquence au service de l’indignation que cela concerne la guerre d’Algérie avec les tortures et les viols par l’armée française, le manifeste des 343 salopes, le procès de Bobigny… Elle contribue même à changer les lois, bouger les médias pour faire évoluer les mentalités assez masculines qui changent lentement. La mise en scène de Léna Paugam est discrète et très élégante avec des couleurs douces, des jeux de lumière, des archives sonores et ce bruit de ressac.

Quand tout est terminé un silence bref se réalise. Il faut se remettre de cette claque émotionnelle progressive. Puis c’est une vague d’applaudissements tonitruants qui raisonne dans le théâtre. Quel parcours inouïe! Quelle femme fabuleuse! Son nom ne tombera jamais dans l’oublie. On peut toutes lui dire MERCI.

Un spectacle brillant qui rend hommage à une femme remarquable.

Où voir le spectacle? 
La Scala jusqu’au 12 février 2023

 

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