1940, les allemands arrivent sur Paris. Les bombes tombent sur la France. Les français fuient vers le Sud. Un chemin vers une autre destinée est-il possible?
Virginie Lemoine et Stéphane Laporte ont décidé d’adapter le roman de « Suite Française » d’Irène Némirovsky en deux spectacles. La première partie se nomme « Tempête en juin » où l’on va suivre la fuite de français vers le Sud de la France. Un duo qui va mettre son ingéniosité et son imagination au service d’un texte fort et sensible. Il faut immerger le spectateur au coeur des tourments pour lui faire ressentir les peurs, les souffrances et les doutes de chaque français. Pour la mise en scène, ils ont choisi un espace assez simple, peu occupé avec une chaise, une valise et une toile transparente en fond de scène. Pour donner vie à ce terrible récit, un homme seul va nous emporter sur les routes de France.
Franck Desmedt avec son physique de M. tout le monde va incarner des familles. A sa manière, avec un léger changement de voix, de comportement va être le grand-père handicapé, la mère protectrice, le mari volage, l’amante amoureuse, le garçon qui veut devenir un homme… Au début, on se surprend qu’il soit seul puis très vite, il sait nous toucher, nous embarquer dans son univers. Il bouge la chaise et nous changeons de lieu, de personnages… Le texte trouve le bon équilibre entre les scènes descriptives et le ressentis de chacun dans cette aventure improbable vers la liberté. L’ennemi est partout aussi bien dans la ville, les campagnes, les bois, les gares, les ponts… Quand l’horreur vient frapper au hasard, on se rend de la valeur de certains êtres. Ce n’est pas parce qu’on choisit d’être religieux qu’on aime son prochain et ce n’est pas parce qu’on est riche qu’une bombe ne peut pas s’écraser sur vous.
Mais pour chacun d’entre eux, nous apprenons à avoir de la compassion. Qui n’aurait pas peur face à la mort quand il y a tellement de choses à vivre? Franck Desmedt trouve pour ces personnages toujours le juste ton qu’il soit jeune, vieux, homme ou femme. Et ce n’est pas une chose facile car il en interprète une quarantaine. Même le chat n’est pas en reste. Il faut dire que cela faisait longtemps que je n’ai pas vu un homme donner autant de caractère à un félin. Sous l’imperméable beige se cache un comédien brillant qui semble aussi humble qu’habile. Faut-il s’étonner qu’il a reçu le Molière du comédien l’année dernière pour son second rôle dans « Adieu Monsieur Haffmann« ? Cet artiste possède un talent de conteur hors pair qui sait pendant plus 1h00 tenir un rythme ténu avec toujours la même fougue et la même passion. Bravo Monsieur.
N’hésitez pas à voyager aux côtés de Franck Desmedt qui vous donnera un autre regard d’une période historique et de la valeur de l’être humain.
Où voir le spectacle?
Théâtre de la Bruyère
5 rue de la Bruyère
75008 Paris
jusqu’au 22 février 2020