Et si ceux qui disent qu’un homme une femme et pour la vie c’est normal car c’est pareil chez les animaux, se trompaient ? La compagnie des Mers du Nord va vous prouver grâce à une sextape Darwinienne que la diversité se trouve bien dans la nature. Alors c’est quoi qui est normal ?
A notre époque des manifestations contre tous, où ils clament haut et fort pour retour à une société plus rétrograde, en disant que la seule norme c’est un papa et une maman, il est bon parfois de voir certains spectacles. « La sextape de Darwin » en fait partie. Pas besoin d’être un papa et une maman pour être un couple et encore moins avec l’obligation de se reproduire. Les idées hétérocentrées ne sont peut-être pas les seules valables. D’autant plus si l’on rajoute l’obligation de rester toute une vie avec la même personne au risque d’être mal vu auprès de ces pairs. Un argument ressort souvent de cet état d’esprit, c’est pareil dans la nature. Les comédiens de ce spectacle prouvent avec beaucoup de dextérité et d’humour que la diversité se trouve aussi dans l’ensemble des espèces vivantes.
Il faut juste connaître quelques particularités des animaux pour mieux le savoir et le comprendre. Surtout que cela ne concerne pas une minorité des espèces. « Tout ce que l’église interdit, cette espèce s’y adonne ». Alors débute une séance d’apprentissage sur la vie sexuelle animale toutes races confondues. Arrive sur scène, une femme d’un certain âge, souriante, qui éclaire l’espace de sa présence. Jupe cintrée, collier en perle, rouge à lèvres foncé, Brigitte Mounier ne passe pas inaperçue. Son sourire et son regard bienveillant l’impose comme notre madame Loyale, une sorte de professeure. Elle le dit tout de suite : « Nous allons parler sexe ». Simplement et de façon décontractée, elle nous explique qu’elle va nous faire découvrir un monde merveilleux et surprenant. Pour mieux illustrer certaines choses, elle a besoin de quatre volontaires sur scène. Les mains se lèvent et quatre personnes innocentes montent sur scène.
Si ce n’était que des explications sans aucune illustration, cela risquerait de devenir vite ennuyant. On sait qu’une image vaut mieux qu’un long discours. Au début, ils portent juste quelques accessoires. Puis quand il passe à deux cobayes, les costumes les plus extravagants font leur apparition. Grenouille, limaces ou singes, les artistes mettent toute leur passion, leur fougue et leur énergie dans leur interprétation. Il ne faut pas croire qu’ils arrivent comme ça par hasard sur scène. Tout est bien coordonnée avec beaucoup d’intelligence et d’humour. On fait croire une chose pour en amener une autre. Les liens se font en suivant un fil conducteur qui se construit doucement et surement.
La mise en scène se montre ingénieuse. Brigitte Mounier est d’un côté de la scène. Elle regarde au travers d’une loupe la scène qui se passe en grand devant nous. Les formes de certains corps se métamorphosent dans un habile jeu d’ombres. Ne faut-il pas cela pour faire rire de la richesse et de l’éclectisme de la reproduction des espèces? Les reproductions insoupçonnées se dévoilent pour nous dire que la nature est bien plus riche et variée que certains veulent nous le faire croire avec autofécondation, changement de sexe, dévoration du partenaire… Et chez certaines espèces « l’existence du mâle n’a jamais été constatée ». Mme Loyal avec son charme et son charisme naturelle nous tient en haleine jusqu’à la fin du spectacle. Son acolyte, Marie-Paule Bonnemason, à l’aspect si calme dévoile également son espièglerie et une capacité vocale surprenante. Il faut toujours se méfier des apparences, elles sont souvent bien trompeuses.
Et si dimanche au lieu de manifester contre la différence, on allait se plonger dans des livres ou des vidéos pour apprendre un peu pour aller au-delà de ces préjugés ? La singularité est bien dans la nature tout comme la tolérance.
Où voir le spectacle?
Théâtre de la Bruyère
5 rue de la Bruyère
75009 Paris
Métro : Saint-Georges ou Pigalle