Entendez-vous au loin les loups hurlés ? A moins que cela soit les bruits de la ville ? Harry Haller se balade en quête de son identité véritable dans un monde en mouvements.

La compagnie Théâtre Odyssée décide de prendre un risque et pas des moindres. Elle donne vie à un texte d’Hermann Hesse, prix Nobel de littérature en 1946, le début du fameux « Le Loup des steppes » publié en 1927. Interdit sous le régime nazi, il réapparaît dans les années 60/70, pour devenir un symbole d’une nouvelle génération empreint de rêves, de libertés, de découvertes… A travers la voix d’un homme, seul en scène, Frédéric Schmitt, nous prévient tout de suite, comme indiqué dans le roman, ce voyage est « réservé aux insensés ». Maintenant que vous êtes prévenus, nous pouvons nous asseoir aux côtés du comédien conteur pour une aventure mi-réel mi-fantastique.

Crédit photo : Hervé Vallée‌

Le comédien déboutonne sa chemise, puis va s’asseoir au centre de la scène où se trouve juste un fauteuil et un pupitre. Il prend le livre et débute la lecture. C’était juste pour nous emmener au plus proche de l’histoire car très vite l’ouvrage est posé. Il devient Harry, il devient un loup. Le plateau se transforme en petite chaumière réconfortante, en une nature immense et flamboyante, en des petites rues étriquées, en des bars louches, en une fête foraine… Il rase les murs, s’émerveille du ciel et va même s’asseoir dans le public sur un siège vide, devant lui-même spectateur d’un récit. Ces pérégrinations l’emmènent à se poser des questions sur le rôle de l’homme dans ce vaste monde et aussi face à cette solitude. Peut-être est-ce la raison qu’il est plus confortable de se penser un loup qu’un homme?

Le comédien laisse pendant 1h10 son identité d’homme pour prendre celui d’un personnage. Il incarne avec force, énergie et conviction ce Harry Haller. Même si parfois les transitions sont un peu brusque, la mise en scène de Jean-Christophe Barbaud se montre ingénieuse. En un rien de temps, on est plongé dans des ambiances différentes avec un jeu de lumière ou un petit accessoire. Tout dans la finesse, comme l’écriture ciselée d’Hermann Hesse. Un fil ténu se crée entre le comédien et le public qui reste captif et à l’écoute de ce qui va se passer. En tout cas, l’intérêt est fort pour le public car après la fin de la représentation une envie titille, lire ou relire ce roman. Peut-être que l’homme urbain à besoin de renouer avec sa part animale?

Une belle plongée dans des carnets intimes d’un homme en quête de son identité.

Où voir le spectacle?
Théâtre du Roi René
12 rue Edouard Lockroy
75011 Paris

Jusqu’au 7 mars 2020

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