Dans une ambiance énigmatique des danseurs nus saisissent une structure gonflable et construisent un jeu entre l’apparent et le caché. Pietro Marullo nous embarque dans une réflexion conceptuelle où chaque spectateur s’approprie un message. Une immersion étrange qui saura marquer par sa singularité.
Une fois que le spectateur est confortable installé, il peut ouvrir sa curiosité à la danse contemporaine. Dans l’obscurité complète, une musique faisant penser au ressac se fait entendre. Puis petit à petit, une lumière chaleureuse se montre avec parcimonie. Une structure gonflable grise, légère apparaît avec laquelle des corps jouent. Une façon pour Pietro Marullo de sublimer la présence des corps nus et d’imposer sa vision esthétique. Tout en soulignant de façon subliminale ses obsessions et ses préoccupations telles les migrants, la bulle spéculative…
L’objet d’une grande légèreté permet de cacher et montrer ces femmes et homme. Une masse qui permet à l’imagination de prendre le pouvoir. Est-ce ce fameux gigantesque marlin que Santiago tente de pêcher et de ramener sur son île du « Viel Homme et la Mer » d’Ernest Hemingway? Est-ce ce fameux Moby Dick qui nargue le capitaine Achab ? Est-ces hommes et ces femmes qui se noient face à la cruauté de l’Homme et de la nature ? Le bruit du ressac fait immédiatement penser à la mer. Puis le son se fait plus urbain, est-ce le bruit des échecs et des déceptions qui s’écrasent contre le mur ? Les corps se figent au début, en attendant le nouveau passe de la structure vagabonde les saisisse de nouveau. On assiste à un instant T où s’écrivent de nombreux récits. Les mouvements se font plus libres, plus rapides et peut être plus terribles. Les danseurs luttent-ils pour vivre et espérer ?
La musique devient plus forte et oppressante. Le tourment nous saisit et ne nous quittera que lorsque la lumière fera de nouveau son apparition dans le public. Le mouvement qui semble aléatoire montre au final la très grande maîtrise des artistes. Chacun à sa façon lui insuffle la vie. Une énergie vitale qui se joue des effets de lumières aussi bien brutaux que doux. Les regards se modifient et s’adressent de plus en plus au public. Il est à la fois celui qui peut donner des réponses et celui qu’on interroge. Si nous sommes dans la situation économique et sociale actuelle est-ce que chacun d’entre nous n’est pas responsable de quelque chose ? Aucune réponse ne se fait. La vague dévorante continue son chemin jusqu’à ce que son histoire s’exprime autrement, privée de son air. Une autre structure rentre en scène, nous n’en saurons pas plus, car là c’est une nouvelle histoire qui s’écrira demain.
Un spectacle détonnant qui saura séduire par son originalité et ces mystérieux messages.