Mais que ce cache t’il derrière ce titre énigmatique? Une ode à Laurent Fabius et à sa petite phrase phallocrate à l’égard de Ségolène Royal? Ou bien une entrée en matière sur ce sexisme (trop) ordinaire dans le milieu politique? Nicolas Bonneau va tout vous dire.

Pour débuter son spectacle, le comédien porte une veste à paillettes, un micro et parle du fait que les femmes ne peuvent pas être leur égal. Il ne faut pas abuser quand même. La peur me saisit un instant. Est-ce que l’on va avoir le droit à un spectacle machiste pendant 1h30? « Et en politique? Mesdames, est-ce que c’est votre place? Ce n’est pas un hasard si on n’a jamais eu de femme présidente en France… Et une seule femme Première ministre. Et encore, pas longtemps et ça n’a pas vraiment été une réussite. » Puis très vite le comédien fait tomber la veste, le micro et nous dit que beaucoup de femmes connaissent ce discours et pourtant peu d’homme se reconnaissent dans ces dires. Etrange !Nicolas Bonneau a un jour eu un déclic. Une ancienne petite amie qui brillait par son investissement pour la défense de ces idées féministes. Pourquoi cela le dérangeait-il? Une partie de lui serait-elle jalouse de sa réussite? Si c’est cela, alors pourquoi ce sentiment ne l’a t’il jamais eu pour des connaissances masculines? Une réflexion déclencheur qui l’a incité à s’interroger sur la place des femmes en politique. Pourquoi y en a t’il si peu? Alors pendant plus 2 ans, il est parti sur les routes de France en rencontrer certaines et échanger avec elle sur leurs parcours, leurs motivations, les soucis qu’elles ont du affronté…. Parmi elles, il va lier connaissance avec Yvette Roudy (ancienne ministre du Droit des femmes), Christiane Taubira (ancienne garde des Sceaux et ministre de la justice), Virginie (maire), Ségolène Royal (ancienne ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la mer), Caroline (députée)….

(c) Pauline Le Goff

Il va alors partager quelques discussions avec ces femmes de caractères. Avec un jeu assez malin de chaises mouvantes qui permet de leur donner vie. Une attitude, un vêtement, un bijou et il devient l’une d’elle. On se surprend à peine des choses misogynes qu’elles ont pu entendre, des comportements déplacés, des requêtes insensées… Un constat assez décevant car le respect ne se trouve même pas au niveau des représentants des citoyens. Elles n’ont même pas le droit de porter une robe, Cécile Duflot se souvient encore du comportement outranciers de ces hommes bien pensants. Ségolène Royal se souvient que Michel Rocard lui avait demandé de se retirer de la course à la présidentielle à son avantage. « La politique est un monde violent. Et j’en ai eu ma part. Merci. J’ai tout entendu : pas assez compétente, pas la bonne voix, pas les bons gestes, trop maternelle, trop autoritaire… » Les récits se suivent et les mots faisant souffler un vent de colère raisonnent. Les hommes veulent garder le pouvoir pour flatter leur égo croyant que leur seul pénis peut diriger une société. Mais ce n’est pas un baguette magique. « C’est tentant non? De se dire que, quel que soit son niveau de nullité, il restera toujours cette espère inférieure, dominée, que sont les femmes. Ce miroir que sont les femmes, dans lequel les hommes se mirent. » Et peut-être qu’à l’Assemblée Nationale on finira par ne plus entendre « Tiens, c’est le concert des vagins. ».

(c) Pauline Le Goff

Mais n’ayez crainte, Nicolas Bonneau y met beaucoup d’autodérision et d’humour dans son autofiction. Vous ne vous ennuierez jamais. Ce regard sur les hommes est en premier une autocritique sur lui. Sa soeur n’avait pas les même droits que lui lorsqu’il était plus jeune. Elle devait débarrasser la table, faire la vaisselle, ne pouvait pas sortir comme lui, être aussi libre. Une injustice qui débutait déjà dès son plus jeune âge. Une idée de supériorité presque inculquée. Alors maintenant qu’il a porté un vrai regard sur ce qui l’entoure, il se sent porteur d’un message qu’il est très rare d’entendre de la part d’un homme. Car l’inégalité est en premier propulsé par ces hommes et ces femmes soumises qui pensent qu’elles doivent servir ses messieurs. Toujours ce principe de baguette magique. Un délicat cri à l’inégalité qu’il faut faire entendre à de très nombreuses personnes. Vous en connaissez forcément dans votre entourage. Peut-être que certains auront un déclic et apprendrons à considérer chacune comme des égales en droit, en savoir, en compétence….

(c) Pauline Le Goff

Nicolas Bonneau porte avec intelligence, humour et réflexion l’étendard du droit à la parole des femmes en politique. Un spectacle dont on ne ressors pas indifférent et qui pourra pourra peut-être contribué à une prise de conscience. Après tout « les hommes sont une femme comme les autres. Non? ».

Mais où voir ce spectacle?
Théâtre de Belleville
94 rue du faubourg du temple
75011 Paris
Métro Goncourt (L11) ou Belleville (L2 ou 11) – Bus 46 ou 75

Gilgamesh Belleville du 5 au 26 juillet à 17h05

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