Vénus n’accepte que personne ne face de l’ombre à sa beauté. D’autant plus quand on est une simple humaine. Psyché devra subir la colère d’une déesse. Mais que ne serait-on pas prêt à faire par amour?
Les jeunes hommes tombent tous sous le charme de la jeune Psyché. Toutefois, aucun ne trouve grâce à son cœur. Vénus n’apprécie pas ce culte que cette simple humaine. Elle ose rivaliser avec elle, déesse de la beauté. Pour sa peine, elle charge son fil, dieu de l’Amour de faire que cette simple femme tombe amoureuse de quelqu’un qui ne pourra l’aimer en retour. Un terrible tourment affectif l’attend. Alors qu’elle chute dans le gouffre de l’enfer, un être la sauve et l’emmène dans un palais enchanté. Et d’un regard, leurs cœurs s’embrasèrent d’un coup et l’amour les percuta. Le bonheur de l’un dépend alors de l’autre. Chaque jour l’attention qui les lie, les rapproche de plus en plus. Un jour, les deux sœurs jalousent de Psyché lui mettent un doute en tête. Une réflexion qui devient petit à petit une obsession. Il faut qu’elle demande à l’homme de sa vie. Qui est-il ? Il la prévient, la réponse risque de briser à jamais leur vie confortable. Elle veut avoir la réponse et lorsqu’il prononcera la vie va prendre un nouveau chemin. En un clin d’œil tout disparaît et là voilà, abandonnée seule sur terre, séparée de l’homme de sa vie. Sur le temple de Vénus, elle rencontre la déesse qui lui impose des épreuves dont elle revient victorieuse. La dernière par contre lui sera fatale, poussée par une curiosité mal avisée. C’est au tour de son bien aimé d’intervenir. Il fait appel à Jupiter, dieu des dieux pour demander réparation pour son aimée. Vénus donnera son pardon. Psyché deviendra une déesse qui devra rester à vie dans l’Olympe aux côtés de son époux aimant.
1671. Louis XIV donne 7 semaines à Molière pour écrire une pièce pour la réouverture de la salle des machines du palais des Tuileries. Il décide de prendre le mythe transmis par Apulée dans les « Métamorphoses », écrit entre 160 et 180. Pour arriver à faire une éblouissante tragicomédie ballet, il fait appel au talent dramatique de Corneille, la musicalité pour les paroles chantées de Quinault et bien entendu pour la composition musicale à Lully. « Psyché» est tombée dans l’oubli et se joue plus régulièrement à l’Opéra qu’au théâtre. Il faut dire que les représentations à l’époque nécessitaient 280 danseurs et musiciens pour les intermèdes musicaux et chorégraphies devant la cour et ce pendant 5h00.
TKM Théâtre Kléber-Méleau décide de redonner vie aux dieux, nymphes, naïdes… dans un « Psyché et Amour » audacieux et vivant. Pendant 1h30, jeu, chant, danse, effets de lumières, décors mouvants rendent un très bel hommage à ce théâtre d’un autre temps. Omar Poras trouve le savant équilibre entre l’expression du mythe, la musicalité de langue, la référence à la période de Molière et l’intemporalité du sujet de l’Amour. 10 comédiens pleins de fougue, d’énergie, d’impétuosité donnent la démesure de cet amour insensé. L’imposante féerie s’anime grâce aux décors mouvants, aux jeux des rideaux et effets spéciaux de Laurent Boulanger. Sans oublier les sublimes costumes d’Elise Vuitel et Cécile Revaz. Les costumes du monde mystique tout de blanc lumineux, assez simple tels des tissus enroulés à même le corps en contradiction avec les robes des sœurs plus couvrantes, plus chargées en matière et en dentelles. Très malin d’intégrer la chaise à même la robe. Rires garanties dans la salle. Mon coup de cœur se porte sur le dieu Amour qui prend l’apparence d’un Louis XIV, jeune et curieux, avec une imposante perruque bouclée, du maquillage blanc pour le visage avec un rehaussement de rouge sur les pommettes. La tenue n’est pas complète mais suffit à évoquer une autre époque. Le détail le plus important se fait sur la paire de chaussures à talon pour homme apparue à la cour du roi Soleil avec rubans et apparats brillants. Des petits détails pleins d’élégance qui sont portés ici et là ce qui contribuent à l’excellence d’une pièce qui ne manquait pas de défis à relever. Et quand une scène semble un peu compliquée à mettre en scène, on utilise le subterfuge de la panne du courant qui marche sur le public à tous les coups. C’est malin et très bien amené. Il faut dire que lorsqu’une pièce se fait avec des artistes aussi passionnés que talentueux cela ne peut que promettre une aventure haute en couleurs et en folie. Plaisir garantie.
Laissez-vous emporter par la mythologie qui vous fera découvrir un autre versant des passions de Molière. Et quand c’est interprété avec brio, cela serait bien dommage de s’en passer. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Où voir le spectacle?
Théâtre 71
3 place du 11 novembre
92240 Malakoff
Jusqu’au 18 avril