Stéphane Braunschweig met en scène la tragédie de William Shakespeare, MacBeth, sur la scène de l’Odéon. Il va dans un décor d’abattoir et de palais nous raconter le destin terrible d’un couple d’assassins. Mais la passion et la fougue ne seront malheureusement pas au rendez-vous.
Une des originalités de ce spectacle est dans le choix de la nouvelle traduction du dramaturge Daniel Loayza. Il donnerait un côté plus vif et direct aux mots dans le texte. On va excuser la référence au Brexit ou à la BCE. Un panel de comédiens va donner vie à cette histoire bien sombre. Déjà avec ce fameux couple assassin avec Macbeth et son épouse qui semble très proche et s’aimer sincèrement. En tout cas, assez pour tuer toute personne qui voudrait se mettre sur le chemin de leur réussite et de leur gloire.
Toutefois, que vient faire ce sein dans cette scène avec si peu d’émotion de somnambulisme de Chloé Réjon (lady Macbeth) ? Elle dort en plus avec sa robe et montre son sein dans « crise » où elle a l’impression d’avoir du sang sur les mains. Il faudra repasser pour le côté émotion. Ce sein tombe comme un cheveu dans la soupe. Cela n’apporte rien. Adama Diop suit bien les consignes avec les postures. Avachie en héros et bien droit en tyran. Quand un peu de culpabilité se fait une place dans la conscience de Macbeth quelques tocs font leur apparition. Est-ce que cela apporte alors plus de pitié ou de force à ce sanguinaire roi ?
Le couple semble crédible tout comme le jeu des dix autres comédiens. Mais où est la fougue ? la passion ? Où est ce bruit et la fureur promises par l’auteur ? Tout devrait être plein d’émotions, de trouble, de colère, de tension. Il a de quoi quand même. Un dictateur arrive et tue des gens à tour de bras suite à des prédictions de sorcières. Certains veulent se rebeller et craigne pour leur vie et celles de leurs proches. Cependant, rien ne transparaît jamais, seul le sang rouge se voie. Et même ce sang dont j’attends des éclaboussures, des jets sur ce carrelage blanc reste juste cantonné aux comédiens et leurs vêtements.
La singularité vient de la mise en scène même, où l’on trouve d’un côté un grand espace blanc modulable carrelé de blanc qui n’est pas sans rappeler un abattoir ou une boucherie (ou un institut médico-légal ?). On va dire que cela tombe bien puisque des morts et du sang, il ne va pas en manquer. Et cela va radicalement trancher avec l’autre espace, une salle à manger tout en dorure, qui ne déparerait pas à Versailles. Je me demande pourquoi la peinture principale de la salle est si mal réaliser. Alors qu’on pourrait s’attendre à une œuvre parfaite aussi bien dans le rendu que les proportions. Bref, c’est là que les hauts de la société se réunissent, tout bien habillé et confortablement installé. D’un côté nous avons un espace où le sang peut couler et d’un autre côté, un espace où on laisse la place aux mots et à la stratégie. Légèrement surprenant cependant rien vraiment d’extraordinaire. En plus, les changements de décors créer de longues succession de coupure qui a défaut de dynamiser la pièce réveille le spectateur.
Le choix de placer l’histoire dans notre société se montre à travers les costumes très modernes. Cette guerre d’Ecosse n’est-elle pas intemporelle ? « Le sang appelle le sang », comme le dit Macbeth. Les arcanes du pouvoir restent inchangées. D’ailleurs, le choix du treillis n’en est-il pas représentatif ? Les mannequins soldats morts sont crédibles. Mais que dire de cette fameuse forêt qui doit avancer et sera le signe de la chute du roi ? On ne l’a voit pas. On voit juste une rangée de sapin figée, immobile. Toutefois, on comprend l’idée et où le metteur en scène veut nous emmener. D’ailleurs, on ne se perd jamais dans l’histoire et sur le chemin qui nous est montré pour y aller.
Un spectacle qui laisse un goût d’inachevé et d’inabouti. C’est dommage car j’avais apprécié la mise en scène de Britanicus de Stéphane Braunschweig. Il existe vraiment peut-être une malédiction sur cette pièce.
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