Vous avez peur de mourir même si vous savez que c’est une fatalité ? Emma la Clown le sait aussi mais elle a décidé de prendre les devants en affrontant la grande faucheuse. Elle va nous aider à accepter « cette idée inempêchable ».

Tout commence ce jour-là, à la lueur d’une bougie, Emma écrit son testament. Il faut savoir s’organiser avant de partir. La première chose est de faire le bilan de ces biens et de savoir à qui on va les donner. Elle enchaîne avec les demandes de pardon, histoire de partir la conscience tranquille. Puis doucement, elle prépare son corps, morceaux par morceaux à aller vers la dernière étape. « Est-ce que tu as compris que tu vas disparaître ? Il ne va rien rester de toi… » Ensuite, le cercueil arrive sur scène tel un bateau qui va l’emmener vers un dernier voyage.

Le spectacle prend un nouveau tournant. L’idée de la mort prend soudain forme physique. Elle demande « Qui y va ? ». Les rires raisonnent dans la salle. Même si elle avait tout préparé quelque chose la retient et tous les prétextes sont bons pour rester sur scène. Les situations les plus étonnantes se suivent avec la poésie, la tendresse et l’humour qui caractérise Emma la Clown. Jamais elle ne franchit la ligne du morbide ou du macabre. Elle détourne même les symboles de la mort pour mieux s’en moquer. Comment ne pas rire face à sa chanson accompagnée de tambours en forme de crânes humains qui bougent? Ou comment ne pas sourire avec innocence lorsqu’elle arrive avec sa tenue improbable de chaman ? On ne peut pas.

Le sujet de la mort inspire quelques artistes comme le fameux Pierre Desproges, grand cynique devant l’éternel. Dans un réquisitoire dans les Flagrants Délires, il disait : « Au reste, est-ce qu’elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous ? (…) Tous nous sommes fauchés un jour par le croche-pied rigolard de la mort imbécile, et les droits de l’homme s’effacent devant les droits de l’asticot.». Meriem Menant choisit un angle pour délicat pour parler d’un sujet au combien sensible avec juste ce qu’il faut de psychologie et de folie. Les spectateurs restent captifs et émerveillée par la performance de la clown qui n’est pas si innocente sous son fard blanc et son nez rouge. On devine la fin et pourtant les applaudissements sont hésitants. Beaucoup voudrait qu’elle revienne et qu’elle fasse un pied de nez à la mort. Mais non, c’est sous la neige et Bach dans les oreilles que le noir se fait sur scène. Les acclamations se font alors sincères et chaleureuses. Il ne pouvait en être autrement.

Drôle, tendre et intelligent, Emma la clown sait jongler avec subtilité avec les sentiments. L’Amour, la Mort… elle ne s’interdit aucun sujet. Et philosophe, elle nous rappelle : « L’important est de savoir si on est vivant avant la mort, pas après. »

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