« Quoi !! tu n’as pas vu Edmond ? » Voilà ce que l’on peut entendre de ceux qui vont au théâtre et qui ont eu un coup de cœur. Et bien non, je n’avais vu « Edmond » et maintenant c’est chose faîtes. Après tout, une rencontre avec une création d’Alexis Michalik, cela se savoure.

Alexis qui ??
Même si vous êtes gourmand, il ne faut pas confondre le fameux pâtissier Christophe Michalak avec le comédien, auteur, metteur en scène Alexis Michalik. Le talent est au rendez-vous pour ces deux personnes hors du commun mais leur domaine de compétence diffère. Nous nous intéressons à ce trentenaire plaisant qui sait séduire d’un regard avec ces yeux azurs et son sourire charmeur. Il a toujours eu en lui la fureur d’écrire et rien ne l’arrête depuis. A 18 ans ; il commence à jouer une pièce de « Roméo et Juliette » dans une mise en scène d’Irina Brook.  Une rencontre qui lui a permis de découvrir l’univers de la mise en scène et que les limites de la création sont juste celle de son imagination. A 22 ans, il monte son premier spectacle, « Le Mariage de Figaro » avec dix jeunes acteurs et le fait découvrir jusqu’en Avignon. Puis il se succède pièces après pièces pour arriver au « Le Porteur d’Histoire » avec le succès populaire et critique qu’on lui connaît. Et depuis la réussite est à chaque spectacle : « Le Cercle des Illusionnistes »,  « Intra Muros » et bien entendu « Edmond ».

«Edmond», lettre d’amour au théâtre
Septembre 2016, voilà une date à noter dans l’histoire du théâtre du Palais-Royal à Paris. « Edmond » débute et le bouche à oreille fonctionne aussitôt. Le théâtre ne désempli plus depuis. Alexis Michalik a su transporter le spectateur au cœur d’une histoire méconnue en y apportant sa touche de douceur et son grain de folie. L’histoire de l’écriture  de « Cyrano de Bergerac » se profile et des scènes cultes prennent vie. La magie se crée déjà par cette plume incroyable et surtout par l’extraordinaire mise en scène très cinématographique. C’est avec un rythme effréné que les tableaux se succèdent avec pas moins 83 changements de décors. Les petits détails sont soignés partout et quel régal. Les 12 comédiens jouent 30 personnages et ils tiennent la cadence tout au long de la représentation avec une impression de plaisir, de bonheur d’être là et de partager la magie de ce récit mémorable. L’auteur se met au service de l’histoire, des émotions et du public et cela se ressent. Car dès que la lumière s’éteint dans la salle, quelque chose se créé. Tous ces gens partagent un silence pour entrer en état d’émerveillement collectif.

Un succès jamais démenti
« Edmond » fait partie de ces spectacles qui sont adaptés à tous les publics, qu’il est ou non l’habitude d’aller au théâtre et quel que soit son âge. Les salles se remplissent partout en France et même à Paris où c’est presque salle comble chaque soir. Peu de spectacles peuvent se targuer de toucher autant de monde et sans s’essouffler. Même si les Molières sont assez monomaniaques comme nous avons encore pu le constater cette année. Ce spectacle a tout même reçu 5 Molières : meilleur spectacle Théâtre Privé, meilleur auteur francophone vivant et meilleur metteur en scène Théâtre Privé pour Alexis Michalik, meilleur comédien dans un second rôle pour Pierre Forest et révélation masculine pour l’humoriste Guillaume Sentou. Et le tout avec l’histoire d’Edmond Rostand, auteur dramatique, père de deux enfants qui doit écrire une pièce et qui est en panne d’idée. Il propose au grand Constant Coquelin de lui écrire une comédie. Mais comment faire ? Le quotidien va alors lui inspirer une histoire fabuleuse faisant fi de caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami…

Et ainsi le personnage de Cyrano prend vie. Le résultat est incroyable et époustouflant. Les comédiens : Benjamin Wangermee, Benoît Cauden, Christophe Canard, Clément Naslin, Éric Mariotto, Éric Pucheu, Fabienne Galula, Fannie Outeiro, Jacques Bourgaux, Jean-Michel Martial, Augustin Ruhabura, Raphaële Volkoff et Valérie Baurens communiquent leur enthousiasme et prouvent l’étendue de leur talent au service d’un texte hors du commun. Même si la scène de fin se conclut avec la représentation du 28 décembre 1897 au Théâtre de la Porte Saint Martin les 40 rappels n’étaient pas là mais le plaisir et la satisfaction du public se sont fait entendre.

Alors si vous n’avez pas encore arpenté les scènes du Paris de 1900 où l’on pouvait croiser Sarah Bernhardt, Georges Feydeau ou Maurice Ravel. Maintenant vous savez où aller. Après cela sera à votre tour de dire « Quoi !! tu n’as pas vu Edmond ? ».

 

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