Sylvia et Dorante sont promis l’un à l’autre. Toutefois, ils se refusent à s’épouser s’ils ne se plaisent pas. Grand bien leur fasse. Vont-ils alors apprendre à s’aimer sous des apparences différentes de leur statut social ? L’amour triomphe t’il toujours de tout ?
Sylvia apprend de la bouche de son père, M. Orgon, qu’un prétendant va venir à sa rencontre en vue d’un mariage. Ce n’est pas n’importe qui, c’est le fils d’un très bon ami, qui se nomme Dorante. Le jeune homme veut jauger de la qualité de la belle avant de la prendre pour épouse et pour cela, il va se faire passer pour son servant et le servant va devenir maître. Par chance, la belle Sylvia a la même idée. Ils ne vont pas déçus lorsque chacun va découvrir le maître de l’autre. Le père et le frère de Sylvia étaient dans la confidence des deux changements d’identités et vont s’amuser des deux jeunes garnements.
Sans surprise, vous savez qu’ils vont tomber amoureux l’un de l’autre. Dorante va même montrer qu’il est prêt à quitter son rang social pour être avec Sylvia. La voilà rassurée, il l’aime vraiment pour ce qu’elle est. Elle peut lui dévoiler son identité et ainsi tout le monde peut être heureux.
Cela doit faire quatre fois que je vais voir cette pièce de Marivaux avec des mises en scène différentes. J’adore beaucoup le choix de la mise en scène moderne, colorée et florale de Salomé Villiers. Bonjour robe rouge moulante, chemise hawaïenne et chaussures à talons. Coucou la vaisselle aux couleurs pop et le mobilier tout en confort. Les mots sont intemporels et ce choix de mise en place de l’histoire est intelligemment trouvé. J’ai été totalement conquise avec pleins d’astuces pour les ailleurs de l’histoire où les moments trop long avec la projection sur un drap blanc tiré par les comédiens.
Puis les comédiens (Salomé Villiers, Bertrand Mounier et Étienne Launay) sont vraiment tous très bons même si j’ai un coup de cœur pour Dorante (François Nambot) et la suivante, Lisette (Raphaëlle Lemann). Les moments de surprises et d’étonnement sont très biens faîtes tout comme les scènes de love love. Il y a du travail derrière ce spectacle et cela se voit. C’est très agréable de voir du théâtre de si bonne qualité avec autant de talent, d’énergie, de fougue et d’humour. Car c’est une pièce comique avant tout « Le jeu de l’amour et du hasard » avec pleins de quiproquo, de jeux et de situations concasses. J’ai ri assez souvent et j’ai aussi souri bêtement.
Je n’oublie pas de dire que sous ce badinage ce cache quand même un peu de réflexion. Le rapport maître/servant interroge sur la société, l’égalité des chances, des sexes et les différences de classe. Mais que les protagonistes soient dans une maison bourgeoise ou sur une île d’esclaves, cela ne change pas car au final chacun retrouvera sa place et chacun reste entre soi. Marivaux veut peut-être engager une discussion toutefois dans ces pièces l’espoir lui n’est pas de mise. Question d’époque ou question d’évidence ? L’amour rime avec argent et travail quand même et cela qu’importe l’époque. Un riche peut-il aimer une pauvre ? Oui, dans l’idée mais comment créer un rapport d’égalité dans le couple pour que chacun soit gagnant-gagnant ? Des questions qui amèneront pleins de discussion, je n’en doute pas.
Vous l’aurez compris, Marivaux vous fera rire, sourire et repartir de la salle le cœur en joie. Alors pourquoi ne pas passer 1h10 au théâtre du Lucernaire puisque c’est pour vous faire du bien ?
Si c’est drôle et si ça passait en Belgique…