Il est bien normal qu’une pièce de Ben Johnson, ami et rival de Shakespeare soit joué dans son jardin au Bois de Boulogne. Volpone ou le Renard se joue en plein air dans espace à 360°. Direction une satire sociale dans le Venise du 17ème siècle.
Volpone surnommé le Renard est un homme très envié car il possède une très grande fortune et n’a pas de descendance. Il attire la convoitise de beaucoup qui lui offre de très beaux présents en espérant être l’heureux héritier. Aidé par son fidèle et rusé serviteur, Mosca, il feint la mort pour mieux voir les oiseaux de proie. Se succèdent à son chevet l’avocat Voltore, le puissant Corbaccio, le vieux Corvino et la Saumure, femme du monde trop bavarde.
Mosca, va dire à chacun d’entre eux suite à la réception du présent : « Vous êtes l’héritier désigné sur son testament. Vous êtes son préféré ». Il va également déjouer les tentatives de meurtres qu’ils vont subtilement essayer de faire à dose de poison ou d’étouffement. Corbaccio, homme très jaloux et possessif, va même jusqu’à offrir sa douce et tendre épouse qui se refuse à Volpone. Très bien pour elle, pour la peine elle va connaître un pire châtiment en compagnie du fils de Corvino. Rien ne doit se mettre sur le chemin de l’enrichissement de Volpone et Mosca quitte à mentir à un juge. Mais les juges sont-ils des gens plus honnêtes ?
Carine Montag a très bien utilisé l’espace que propose le Jardin Shakespeare en faisant dérouler l’histoire sur les 360°. L’espace principale situé en face des sièges des spectateurs est la chambre de Volpone. Un peu plus devant les buissons deviennent tribunal. A l’opposé, au-dessus des arbustes, une fenêtre imaginaire où apparaît l’épouse de Corbaccio, qui regarde Volpone qui a emprunté l’identité d’un autre pour admirer la belle. Dans les arbustes aux alentours se cachent et cours nos personnages hauts en couleurs qui se rendent d’un endroit à un autre. Un grand espace très bien habité et tout à fait en cohérence avec l’histoire.
Tout comme les costumes d’ailleurs qui sont portés à ravir par les neuf comédiens (Frédéric Roger, Olivier Banse, François Lis ou Emmanuel Guillon, Pascal Lifschutz, Jérôme Sétian, Joyce Brunet, Martin Verschaeve, Jean Siffermann, Anne-Fanny Kessler). Le jeu par contre est assez inégal. Par chance, les rôles principaux de Volpone et Mosca sont très bien interprétés avec fougue et justesse. L’ensemble est très drôle car il montre jusqu’à où l’avidité des hommes peut les pousser. Les jeux de mots et les bonnes piquent se succèdent avec grande élégance pour le plaisir du public qui rit ensemble. Une osmose du bien-être se créer entre tous les inconnus venus s’émerveiller de la magie du théâtre dans un lieu bien particulier.
Un spectacle surprenant et très orchestré par une compagnie qui a le talent du jeu et de la mise en scène. Ce qui fait qu’il est très agréable de voir un classique et de rire de bon cœur.