Aff_PrixT13_petiteLes fils de la terre est le quatrième spectacle proposé dans le cadre du Prix Théâtre 13, jeunes metteurs en scène 2015. Elise Noiraud a décidé d’adapter un documentaired’Edouard Bergeon racontant la vie d’un exploitant de vaches laitières qui se bat pour survivre. Partons à la rencontre de Sébastien et sa famille dans une intelligente mise en lumière.

 Le silence dans la salle se fait progressivement pour laisser place à la voix off qui nous parle de Sébastien (Vincent Remoissenet), jeune agriculteur qui essaie de maintenir son exploitation hors de l’eau. Il croule sous les dettes et le lait se vend chaque jour de moins en moins cher. En plus, son père (François Brunet), en retraite lui met une pression incroyable. Comment ne pas craquer ?

A gauche de la scène, un tas de foin, lumière sur cet espace, où l’on voit Sébastien travailler avec sa fourche. Au fond, à droite, dans l’obscurité, un modeste salon avec canapés, lumière et table et de l’autre côté, une salle à manger rustique avec table et chaises. Les espaces sont simples et sont mis en lumières avec les personnages selon les situations (maison, ferme, étable, tribunal…).

Il doit faire appel à un avocat pour défendre sa ferme qui croule sous plus de 500 000€ de dette. C’est aidé d’un juriste spécialisé (Sylvain Porcher) qu’il va défendre son dossier au tribunal. La chance est de son côté, car il va avoir un délai de 6 mois pour montrer sa bonne volonté à s’en sortir sinon la ferme risque d’être vendue par petit bout. L’espoir revient. C’est le sourire jusqu’aux lèvres qu’il va annoncer la nouvelle à sa femme (Sandrine Deschamps), enceinte de leur premier enfant et à son meilleur ami (Benjamin Brenière). 

Voilà qu’un jour, le réveil sonne mais il ne l’entend pas. Il arrive à 8h00 au lieu de 5h00. Son père a déjà effectué la traite des vaches. Son père lui fait encore une remarque désobligeante en lui redisant qu’il est un faignant et que lui, il lui faudrait peu de temps pour remettre la ferme sur pied. Sur cette entrefaite, il décide de rentrer chez lui et d’abandonner la ferme. La dépression va le toucher et va même jusqu’à faire une tentative de suicide. C’est son père et sa mère (Julie Deyre) qui malgré sa maladie, vont gérer la ferme.
Son séjour en hôpital psychiatrique va l’aider à vraiment faire son choix de vie. Il se rend compte qu’il doit choisir entre sa famille avec sa femme et sa fille et la famille originelle avec la ferme, les vaches et ces parents. Une évidence lui apparaît avec une bonne idée afin de pouvoir faire enfin des bénéfices et redresser le bateau.

J’ai vraiment apprécié deux choses. Tout d’abord, la mise en scène avec juste la lumière qui illumine l’espace scénique nécessaire soit en lumière via le dessus ou de face. Simple et très efficace pour situer et parler du nécessaire. Puis le lien, entre les gens montré par la voix off ou une tierce personne qui explique. Par exemple, Sébastien et sa femme, sont en voiture, nos deux comédiens sont juste assis sur des chaises. Une lumière qui varie d’intensité les illumine. Puis sur le côté, c’est l’ami qui raconte la discussion entre le couple avec une voix douce et ferme à la fois.

Même si la mise en scène m’a beaucoup plus ainsi que l’extraordinaire jeu des comédiens qui savent mettre plusieurs costumes de personnages avec grande aisance.
Je me demande l’intérêt de l’histoire. Le théâtre apporte t’il une plus-value par rapport au documentaire sorti en 2012? Aurais-je été le voir hors cadre d’un festival ? Et le rôle du théâtre revient en interrogation. Toutes les pièces faciles et très moyennes parlant de couple et de triangles amoureux sont-ils alors plus légitimes ? Existe-t-il d’ailleurs une véritable réponse ?
Ce sujet m’a fait écho au travail photographie et document de Raymond Depardon sur la quête de ces origines ainsi que de nombreux reportages et interviews déjà vu sur Arte et France 5. La filiation et l’agriculture sont des sujets importants mais je n’ai appris rien appris dans ce spectacle. Le sujet a même été traité à une heure de grande écoute sur M6 avec L’Amour est dans le pré. Et quelques petits détails m’ont dérangé comme la traite des vaches à main où la façon de traire. Petits détails mais qui m’ont titillé durant toute la représentation.

Une tragédie rurale magnifiquement mise en scène avec d’excellents comédiens qui manque toutefois d’intérêt pour moi. Parler d’une famille pour parler du problème économique global concernant de nombreux agriculteurs est intéressant en reportage ou en documentaire. Mais le théâtre est-il un support adéquat pour ce genre d’histoire ?

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