Suite au succès du Système Ribadier de Georges Feydeau à la précédente saison, le Théâtre du Vieux-Colombier reprogramme ce spectacle cette année. M. Ribadier a trouvé un système bien pratique pour aller tromper sa femme sans qu’elle puisse s’en rendre compte. Allons découvrir son subterfuge magnifiquement interprété par les comédiens du français.
M. Ribadier (Laurent Lafitte) comme tout homme de son temps, trompe sa femme avec de charmante et docile demoiselle. Le souci, c’est sa femme, Angèle (Anna Cervinka), qui le suspecte tous le temps de la tromper. Elle a été acculée à cette situation avec son ancien mari, M. Robineau dont elle laisse le portrait dans le salon pour se souvenir de faire attention. D’autant plus, qu’elle possède le petit carnet relié de son ex-mari contenant toutes les ruses pour tromper la vigilance de sa femme. Il l’aurait déshonoré au moins 365 fois en 8 ans.
Le nouveau mari est plus malin. Il dit à sa femme : « Mais regarde-moi dans les yeux… » et elle s’endort. Il abuse à bon escient de son don d’hypnotiseur. Lorsqu’il revient il lui souffle dessus et elle se réveille telle une princesse d’un long sommeil. Cela aurait pu bien se passer s’il n’avait pas donner l’information à un de ces amis, Thommereux (Jérémy Lopez), secrètement amoureux de sa femme qui s’était enfui à Batavia pour s’éloigner d’elle. Car pendant que M. Robineau alla conter fleurette à Mme Savinet, il en profita pour réveiller la belle et lui avouer son amour. Pas de chance, l’attirance n’est pas réciproque. Alors lorsque le mari volage rentre, Thommereux fuit et Mme Robineau feint le sommeil profond. M. Savinet (Nicolas Lormeau) a découvert le pot au rose, il veut s’arranger avec lui que la chose ne soit pas connu du grand public contre petit arrangement commercial.
Mais Mme Robineau veut sa vengeance sur son mari et quoi de pire que la jalousie d’un homme ? Elle va lui dire qu’elle aussi à un amant. Aristide Thommereux et M. Robineau veulent savoir l’identité de cet intrigant. Voilà, qu’ils découvrent un homme dans la maison, Gusman (Christian Blanc), le cocher, rougeot et lubrique, qui avoue bien s’occuper de madame et qu’elle semble combler par ces services en plus. Nouvelle situation de quiproquo car bien entendu, il parlait de la servante, Sophie (Martine Chevallier) qui sert les intérêts des maîtres de maison, surtout s’ils paient un petit bonus contre petits services. Heureusement, l’amour triomphe de tout.
Georges Feydeau est un vaudevilliste très remarqué depuis son fameux spectacle,Tailleur pour dames. En 1892, année de grand succès avec Champignol malgré lui etMonsieur chasse et création du Système Ribadier, joué pour la première fois au Théâtre du Palais-Royal. D’ailleurs, dans ce dernier il inclut l’hypnose dans l’histoire alors en vogue,marquée par les recherches de Charcot et l’Ecole de la Salpêtrière. Tous les salons à la mode agrémentent leurs mondanités de séances d’hypnotisme.
Pour montrer le génie humoristique de l’auteur, Muriel Mayette-Holtz, ancienne administratrice générale de la Comédie-Française, avait choisi Zabou Breitman pour mettre en scène cette histoire. C’est avec beaucoup d’élégance et de portes qu’elle donne une dimension comique. Le talent des comédiens aidant beaucoup également. Le spectacle commence avec la vue sur l’entrée du Vieux colombier, très charmant clin d’œil, magnifique décors de Jean-Marc Stehlé. Gusman vient mettre son échelle pour séduire sa belle, travaillant dans un appartement bourgeois à l’étage. La scène s’ouvre et nous voici plonger dans l’appartement bourgeois joliment décoré avec un très grand portrait de Robineau.
Le décor est raccord avec les costumes des comédiens, tout en accord avec le jus 1890. Une élégance extravagante poussée au détail prêt comme le fameux postiche de M. Ribadier chipé par un chien. Un vrai chien d’ailleurs. Où derrière un paravent faire croire qu’il y a un escalier et voir les comédiens faire semblant de descendre les marches ou prendre l’ascenseur. Des petits détails qui accompagnent le jeu très exigeant que peut demander ce genre de spectacle. Les comédiens courent, sautent, voltigent, bondissent, grimaces, se contorsionnent de milles façons pour accompagner avec ingéniosité les comiques de geste et de situation. Indéniablement rempli d’énergie et de talent, la Comédie Française sait sublimer les spectacles comme peu savent le faire. Pour une première fois sur les planches, c’est une réussite pour ce théâtre qui sait toujours surprendre le spectateur où il ne s’attend pas. Mais pourtant, j’ai été moins émerveillée que les fois précédentes. Est-ce dû à une performance moins investis que d’habitude ? Est-ce dû à la personne qui ronflait à côté de moi et qui est, heureusement, partie à la moitié du spectacle ? Est-ce dû à la personne qui a envoyé des sms pendant tout le spectacle qui avait quand même mis ton portable sans retroéclairage ? ou étais-ce dû au ricanement des adolescents prépubéres en mal d’hormones ? ou l’ensemble de ces facteurs ? J’ai apprécié le travail fourni, la beauté et l’exactitude du jeu, des décors, des costumes, des lumières mais la magie n’a pas fait effet. Cela ne m’empêchera pas de retourner à la Comédie Française pour découvrir de nouveaux chefs-d’œuvre du théâtre qu’il soit classique et contemporain.
Une pièce qui m’a séduite par ses actions incessantes pleines d’énergie et de rires. Des rires, il y en avait plein la salle et quelqu’un de ma part aussi. Je pense que comme à son habitude, la Comédie Française a su rendre hommage à l’art du vaudeville de Georges Feydeau.