On rentre dans le théâtre. On prend nos places et allons nous installer sur les sièges rouges. Le spectacle commence déjà, d’une certaine manière. Une grosse femme de ménage nettoie la scène, ces gestes lents et maladroits provoquent des rires épars dans la salle.
21h05, la lumière doucement se baissent dans la salle et illumine la scène. Un open-space pour 6 personnes. Les portes de l’assesseur s’ouvrent. Tous les employés sortent et vont déposer leurs vêtements. La surprise débute ici. Personne ne parle, aucun mot réel ne sort des bouches. Un son sort et pourtant on comprend.
Les expressions au téléphone lorsqu’on décroche, les colères, l’hésitation sont très bien retranscrits. On voit le talent des comédiens. Chaque personnage incarne une typologie de personnage : l’alcoolique, le beau gosse, l’ignoré, la timide… Le son correspond à des personnes, des ambiances. Les bruits de chaises sont produites avec la bouche des comédiens. Le bruit de la personne qui boit est un son rajouté tout comme celui des hauts talons de celle qui se balade sur scène.
Bien entendu, l’univers de l’open space est totalement reproduit. Un grand espace, des placards, des bureaux avec ordinateurs et un minitel, les pots à crayons, les paquets de feuilles, les sonneries de téléphones. En tout cas, cela m’a parlé tout de suite que cela soit dans l’espace ou le comportement des assistantes ou du patron. De vieux souvenirs reviennent en mémoire, j’en ris mieux maintenant.
Malgré qu’aucun mot de soit vraiment échangé, le court ou trop court moment de chant m’enchante. C’est beau, c’est poétique et très bien mis en scène. Tout bouge avec cohérence et avec réflexion. Le jeu des acteurs est subtil et perfectionné. Parfois, ils sont en pause, en avance rapide, au ralenti, ils dansent, ils chantent, ils combattent, ils miment. Sans peine, on comprend que le muet avait du succès à une autre époque.
Toutefois, 1h45 m’a paru long. 15 ou 20 minutes en moins m’aurait été bénéfique. Un spectacle surprenant. Alors pour rendre hommage au spectacle je hausse les épaules tout en tapant des mains « clap, clap, clap ».