Quand l’envie du voyage vous prend, il est difficile de résister. Par conséquent, qu’est-ce qui aurait pu arrêter Robert Louis Stevenson d’aller dans le Gévaudan? Rien et heureusement car il va vivre une expérience des plus formidables.

L’écrivain écossais, Robert Louis Stevenson entreprend un singulier voyage entre le 22 septembre et le 4 octobre 1878. Il ne part pas à la découverte de son pays natal. Non, il lui préfère la France et plus particulièrement les Cévennes qu’il souhaite traverser à pied. L’aventure sera bien entendue de mise car il va dans un coin très paysan, éloigné des moyens de locomotion et de communication moderne. La difficulté repose aussi sur la compréhension de l’anglais en zone rurale. Qu’importe, il prépare des vivres, de quoi écrire et il ne reste plus qu’à trouver son compagnon, un âne. C’est là qu’il achète, une ânesse des plus exceptionnelles, Modestine. Elle adore n’en faire qu’à sa tête. Progressivement, il se prend aux joies de l’errance. Comment ne pas avoir envie de raconter ce périple des plus charmants?

Maxime Bentegeat et Clémence Penicaut ont craqué pour lui insuffler une autre vision et au théâtre. Les voilà à donner vie à ces descriptions journalières. Un travail compliqué et très audacieux auquel ils se sont attaqués avec brio. Surtout qu’ils évoquent avec beaucoup d’élégance qu’il s’agit un témoignage réel et écrit. D’ailleurs, cela commence ainsi où Maxime Bentegeat, incarnant l’auteur, écrit avec une plume et un encrier. Puis d’un pas de côté, le voilà parti pour une ascension des plus extraordinaires. Il s’impose aussitôt avec son charisme, la vibration de sa voix et son enthousiasme sincère. Dorénavant, il est Stevenson. Notre émerveillement prendra de l’ampleur doucement et surement. Modestine est personnifiée par Clémence Penicaut. Une veste assez épaisse en fausse peau de bête et une posture légèrement cambrée suffisent amplement à donner l’illusion. Quelle ingéniosité avec ce système. D’autant plus, qu’elle arrive à rendre très attachante cette bourrique têtue. La remarquable interprète en un changement de costume devient d’autres interlocutrices comme cette serveuse séductrice.

L’équipe est au complet avec Clément Pellerin et Christophe Paris. Ce duo est au combien nécessaire. A eux deux, ils jouent l’ensemble des personnages qu’il soit agriculteur, facteur, conducteur de calèche, consommateur dans un bar… En un clin d’oeil, ils se transforment et deviennent autre avec une agilité extraordinaire. Surtout qu’ils contribuent à installer aussi les décors, les petits détails importants, les bruitages… Tout se fait face au spectateur, on ne lui cache rien. On dévoile le cacher pour montrer la volonté d’être transparent. Ce choix de mise en scène de Fanette Jounieaux avec la collaboration artistique de Jacques Décombe est vraiment habille et intelligente. Grâce à ce travail d’équipe, on se sent emporté, captivé et ému par tout ce qui se passe. On à l’impression aussi de profiter de la beauté de la nature. On ressent la poésie et le romantisme. L’émotion nous traverse avec une vague d’enthousiasme communicatif. Ce plaisir d’avoir partagé ce moment se ressent collectivement. On ne peut qu’applaudir des plus chaleureusement cette proposition d’une grande qualité pleine de passion et d’humanité. Aucun doute que plus d’un poussera la curiosité jusqu’à se plongée dans l’ouvrage qui se lit d’une traite, les images pleins la tête.

Un spectacle plein d’hardiesse, de douceur et d’émerveillement qui nous fera voyager avec un sourire de la première à la dernière minute. Indéniablement la compagnie les Charlatans savent rendre les lettres de noblesses à la littérature pour le plus grand plaisir du public.

Où voir le spectacle? 
Au Funambule jusqu’au 13 août 2023

Durée : 1h15

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