L’amour incite chacun à faire bien des choses. Alors quand le cœur est brisé, certains préfèrent rester dans de vagues souvenirs et ne pas avancer. Ne faut-il pas au contraire bouleverser les mauvaises habitudes?

La Duchesse d’Andinet d’Andaine désespère de voir son neveu si malheureux. Pour l’aider à faire le deuil de son amour, la tante a déplacé physiquement des lieux qu’ils avaient fréquenté avec sa belle. Chaque jour, il ère dans ces espaces en cultivant les quelques émotions qui lui restent de ces précieux moments. Impossible de le laisser se lamenter ainsi. La patronne fait venir une jeune ouvrière et travailleuse au château. Elle n’a pas été choisi au hasard. Même si le style est radicalement différent, la ressemblance avec Léocadia est bien présente. Est-ce que  cela suffira à donner l’illusion aux sentiments? Le Prince ne tombera pas dans le piège si facilement. Et pourtant, à force de verve légèrement cruelle, la demoiselle ne se laisse pas faire. Son mordant contribue à son charme car au final au premier regard, ils sont tombés amoureux. Progressivement que restait-il de cette cantatrice? Il fallait accepter que les souvenirs partent inexorablement. Rien de telle pour laisser la place à des nouveaux.

C’est un serviteur en tenue du 19e qui pose le cadre de cette histoire. Il nous prévient que l’on va assister à une aventure surprenante et touchante. Une façon aussi d’installer le décor très imposant. On voit directement un kiosque tournant. A chaque tour, les roulettes grincent et font un bruit assez saisissant. Cela coupe notre lien au récit pendant un court laps de temps et de façon récurrente. Il n’est pas si aisé de se laisser emporter. Le temps s’étire encore et encore. Difficile de pas jeter un oeil régulier à sa montre. On n’arrive pas à me convaincre d’un peu de vraisemblance que cela soit dans le jeu, les interactions, les postures ou les costumes. On peut souligner la très jolie incarnation de l’innocence de Camille Delpech qui donne l’impression d’un personnage d’une affiche de Mucha. Il n’est jamais aisé de redonner vie à une pièce moderne écrite pas Jean Anouilh en 1940 et très peu joué. Donc il y a de l’audace à choisir cette pièce. Avec surtout lui donner un peu de modernité dans son contexte d’un autre temps. Ils conservent la finalité d’un happy end comme le souhaitait l’auteur de base. Un divertissement léger, sympathique et légèrement singulier. On s’interroge tout de même. Faut-il s’attacher au passé comme seule source de vérité? A chacun d’y répondre sincèrement.

Un spectacle prometteur qui au final se dévoile assez decevant. Dommage car on sent une volonté de partage assez forte.

Où voir le spectacle?
Au théâtre du Funambule jusqu’au 23 avril 2023

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