Quand on veut traverser le miroir, on ne sait pas forcément ce qui se cache derrière. Alice va devoir se poser des questions dont les réponses restent énigmatiques. Dans un EHPAD, il peut s’en passer des choses.

Lewis Carroll a écrit une suite à son livre « Alice au pays des merveilles », beaucoup moins connue du grand public qui se nomme « Alice, de l’autre côté et ce qu’Alice y trouva » en 1871. La fillette va vivre une nouvelle aventure en passant à travers un miroir qui l’amène dans un monde à l’envers. La compagnie Dérézo a décidé de pousser la réflexion autour de son identité en utilisant l’univers fantasque de l’auteur considéré comme l’un de père du surréalisme. Elle va faire souffler un vent de modernité par sa réalisation et ces interpellations. Car contre toute attente, notre héroïne, qui n’est plus une petite fille, se retrouve dans un univers des plus étranges puisqu’elle arrive dans un EHPAD. Nous ne sommes plus vraiment dans un conte enfantin. On va déstabiliser le spectateur qui va devoir suivre Alice suivre les cases d’un échiquier imaginaire qui la confronte à six vieillards.

© Roland Sourau

Ne vous attendez pas à des rencontres standards. Déjà, nous sommes confrontés à des comédiens qui portent des masques et des costumes qui modifient considérablement leur apparence. Ils ont certes le physique de personne du 3ème et 4ème âge mais porte sur eux les stigmates d’un passé. Un face à face qui a de quoi désarçonner. Progressivement, les péripéties débutent et montrent l’ingéniosité d’une mise en scène. On déroule un tapis au sol, on met un comédien couché sur le dos avec les genoux pliés et on fait descendre un miroir du plafond légèrement incliné. Et voilà qu’une illusion d’un homme assis les jambes dans le vide nous apparaît. Charlie Windelschmidt propose un univers très graphique, drôle et inquiétant à la fois. Tout est là pour nous étonner, pour nous prendre au détour de nos certitudes. Chloé Lavaud-Almar est la seule qui évolue à visage découvert nous emporte dans ces doutes, ces peurs et ses indécisions. Les cinq autres interprètes (Anaïs Cloarec, Anne-Sophie Erhel, Véronique Héliès, Alice Mercier et Valéry Warnotte) l’aide à aide dans une sombre lumière. Puis nous nous interrogeons aussi sur la réalité et les illusions auxquelles nous nous attachons. Qui être alors s’il ne faut plus « jouer à être » ? La réponse est-elle dans les mots, la sémantique ?

Une partie d’échec où il n’est pas bon d’être reine ou de vouloir l’être. Vous risquez de repartir en pat, êtes-vous prêt à cela ?

© Roland Sourau

Jusqu’au 18 février 2022

Théâtre de la Tempête
La Cartonnerie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris

 

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