On n’entre pas dans un spectacle comme on entre dans un livre. Les mots prennent une autre vie par la voix d’un comédien. Cultivant la douceur et la lenteur, il nous guide dans les histoires qui se passent dans la pénombre.
Dans une ambiance bleu nuit, arrive d’un pas tranquille un homme. De sa douce voix, il fait l’éloge de la nuit. La voix qui raisonne n’est pas inconnue du grand public. Pierre Richard, célèbre pour de nombreux rôles au cinéma, occupe le plateau. Il porte un ensemble de petits textes qu’il fait sien, quittent parfois à trouver une résonance avec son histoire personnelle. Tel un guide, il emporte le spectateur avec délicatesse au gré des saynètes. Les moindres signes font sens tout comme les silences. Le texte d’Ingrid Astier se résume en une ode aux errances nocturnes où tous les rêves, les espoirs et les déceptions sont permis. « La nuit est un ton, celui de la confidence ». Une ambiance qui a donné naissance à de magnifiques scènes de théâtre tel la scène du balcon aussi bien dans « Roméo et Juliette » que « Cyrano de Bergerac ».
Gérald Garutti insuffle de la poésie et du mystère dans sa mise en scène. Il complète le corpus avec Charles Baudelaire, Henri Michaux ou Edgar Poe. Les mots sont sublimés par de multiples moyens. Des jeux de clairs-obscurs adaptés à chaque récit avec beaucoup d’élégance. Des projections pleines de finesse avec des mouvements interprétés par la majestueuse Marie-Agnès Gillot, étoile de l’Opéra de Paris ou des images du double du comédien. Et enfin, une musique enchanteresse qui vous englobe, vous berce et vous émerveille, de Laurent Petitgand. Un ensemble formant un écrin chaleureux et onirique. Les visions chimériques laissent place aux émotions aussi vives que fragiles. Pierre Richard y montre l’étendu de son talent du haut de ces 84 ans.
Une subtile rencontre entre songes et espérances qui emmène le spectateur vers un monde intérieur mystérieux.
Où voir le spectacle?
La Scala
13, boulevard de Strasbourg
75010 Paris