Emmanuelle Laborit remonte sur scène pour donner vie à un répertoire musicale autour du corps féminin. De Nina Simone à Brigitte Fontaine en passant pour Gainsbourg et Verdi, l’actrice ne se refuse rien pour l’interprétation en chansigne. Le spectacle saura séduire le spectateur qu’il soit ou non malentendant.


Mais qui est Emmanuelle Laborit ?
En 1993, Emmanuelle Laborit est révélée au grand public lorsqu’elle reçut le Molière de la révélation théâtrale pour son rôle dans Les enfants du silence. Le droit à une éducation bilingue français-langue des signes n’a été reconnu par la loi du 18 janvier 1991. C’est cela qui lui a permis d’apprendre une langue et de pouvoir ainsi échanger avec le monde. Depuis, elle revendique le droit à la langue des signes. C’est l’une des raisons qui l’a incité à reprendre la direction de l’International Visual Theatre (IVT) en 2004. Un lieu de diffusion et de création pour le théâtre bilingue, visuel et corporel et d’enseignement de la LSF, ouvert aux sourds comme aux entendants. Elle écrit, compose, joue, danse… Pour son nouveau spectacle, elle rassemble l’ensemble de ces talents pour proposer « Dévaste-moi » en chansigne.


Qu’est-ce que le chansigne ?
On pourrait être surpris mais les sourds peuvent chanter. Les entendants ouvrent leur bouche et les sourds s’approprient les gestes. Les chansigneurs composent avec les non-dits entre les lignes et avec une rythmique. C’est le travail qu’Emmanuelle Laborit a entrepris avec le metteur en scène Johanny Bert et The Delano Orchestra. On pourrait croire qu’il faudrait alors limiter les chansons à textes simples. Absolument pas et il n’y a pas de raison. Rien n’est interdit et donc tout est autorisé. On y entend alors du Bashung, du Brigitte Fontaine, Anne Sylvestre, Carmen de Bizet, Amy Winehouse, Madonna, Beth Ditto… J’ai perçu certains textes autrement qui sont d’ailleurs plus proche de leur sens.


Et le spectacle ?
J’avoue avoir été surprise car je n’avais pas lu la présentation de spectacle. Je sais que j’ai toujours été ravie des spectacles que j’ai vu à l’IVT. Bien entendu, j’avais entendu qu’Emmanuelle Laborit était remontée sur les planches mais cela s’arrêtait là. Au début, je me demandais pourquoi il y avait des instruments de musique puis j’ai compris que c’était un spectacle qui était à la fois du chansigne et à la fois un peu de vie théâtralisé de la comédienne. Elle y parle du fait qu’on a le droit d’être sourd et que cela ne doit être un frein à rien. Et quand elle a pu enfin apprendre la langue des signes, c’est le monde qui s’est ouvert à elle.

Ces gestes mélangent la danse et la poésie. La comédienne est à la fois une femme qui pleure, qui aime, qui danse, qui crie, qui jouit, qui vit… Il se dégage d’elle une force incroyable de la comédienne qui n’est jamais à bout de force. Les sujets abordés dans les chansons tournent quand même beaucoup autour de la femme avec l’avortement, la ménopause, les violences conjugales ou la masturbation. Mais le rire est au rendez-vous. J’ai beaucoup apprécié la chanson sur la ménopause qui se « Tango Ménopause »de Michèle Bernier.

Le temps semble s’envoler au rythme de la musique et des mondes où nous emmène la chansigneuse. Parfois des choses m’échappent et ce n’est pas très important. Je suis dans un ailleurs qui me fait rire et sourire. En plus, j’apprends des signes et j’en suis très contente.

Il n’y a pas à dire l’IVT sait vraiment proposer des spectacles étonnants et de qualité.

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