Fatima Ndoye explore son identité métisse à travers un seul en scène mêlant théâtre et danse. Entre humour et questionnements profonds, elle retrace son parcours entre la Suisse, la France et l’Afrique, cherchant sa place entre deux mondes. Une performance sincère qui invite à réfléchir sur l’appartenance et les préjugés.
Dans Quand j’étais blanche, Fatima Ndoye nous livre un témoignage intime et universel à la fois. Seule en scène, elle incarne avec sincérité son tiraillement identitaire d’une femme métisse confrontée à la question de sa place dans la société et à diverses périodes de sa vie. Une mise en scène épurée qui permet de se concentrer sur le récit. Toutefois l’approche manque parfois de souffle pour pleinement toucher et bouleverser.
La force du spectacle réside dans la justesse de son propos : l’ambiguïté du métissage, les clichés d’hérités et la quête d’une identité insaisissable. La comédienne joue sur les contrastes, naviguant entre l’humour piquant et des instants de vérité poignants. Ses mots frappent juste, son jeu est maîtrisé et sa danse ajoute une autre dimension à son récit. Cependant, cette retenue constante, bien qu’elle évite l’écueil du pathos, laisse parfois une frustration chez le spectateur qui aimerait être emporté émotionnellement dans cette exploration intérieure. On est pas invité à entrer en empathie.
Dix ans après sa première création, la pièce trouve une nouvelle résonance, en phase avec les questionnements contemporains sur l’identité et l’appartenance. Mais si la thématique reste forte et nécessaire, on aurait souhaité que cette reprise pousse encore plus loin la réflexion, avec ce qu’elle a pu vivre dans son quotidien. Le spectacle nous fait sourire, nous interroge, nous touche par moments, sans atteindre une intensité qui nous marquerait. Une belle performance néanmoins, portée par une artiste sincère, qui ouvre des pistes de réflexion essentielles sur l’ici et l’ailleurs, sur ce que signifie être « ni d’ici, ni de là-bas ».
Ce spectacle, porté par une mise en scène sobre et un jeu tout en retenue, interroge avec finesse la complexité du métissage. S’il ouvre des pistes de réflexion intéressantes, il laisse le spectateur sur sa faim. Une belle proposition, sincère et pertinente, qui aurait pu aller encore plus loin.
Où voir le spectacle?
À partir du 5 février 2025 au Théâtre Lepic
Ecriture et Interprétation : Fatima Ndoye
Mise en scène : Nathalie Dorion
Création lumière et régie : Julie Znosko
Production Théâtre Lepic
Compagnie Le Temps des choses
Coproduction : Centre culturel suisse