Petites misères de la vie conjugale est une plongée malicieuse dans les travers amoureux. Sur scène, un duo dessine avec finesse les petites chamailleries du quotidien d’un couple. Le tout, porté par un savant équilibre entre verve humoristique, pic social et regard complice.
Dans un décor épuré, deux interprètes parviennent à faire vibrer avec justesse chaque micro-scène, dépeignant l’intimité de Caroline et Adolphe, figures universelles d’un couple bourgeois marié ordinaire. L’adaptation assez moderne de Pierre-Olivier Mornas, reste très fidèle à l’esprit acerbe de l’auteur. Il joue sur la cinglante ironie d’un Balzac qui, presque deux siècles plus tard, n’a rien perdu de son aspect mordant. La satire sociale ici devient miroir d’un quotidien qui nous ressemble, plus ou moins, entre sourires nostalgiques et piques jubilatoires. Plus d’un spectateurs se rappelleront des situations vécus similaires. Donc impossible de ne pas sourire en voyant l’intemporalité de certains conflits, cela transcende le temps.
Chaque vignette devient une satire avec alliance de tendresse et de compromis. On se rend compte que le rôle de l’époux et de l’épouse reste très distincte avec peu d’évolution de nos jours. Pourtant, même en travaillant, la femme doit encore gérer la maison, les enfants et être à la disposition de son mari. Et avoir une maîtresse est quelque chose d’ordinaire, sauf que nos jours cela se complète avec des applications de mise en lien, la consommation abondante de pornographie assez humiliante et la quantification des actes de violences. Les pièces avec le trio le mari, l’amant.e et l’épouse reste toujours le genre le plus présent au théâtre pour un moment de divertissement, pas forcément garantie. Donc cela permet de réfléchir aussi aux rôles imposés par la société et voir les évolutions. L’esprit critique est de mise pour encore mieux apprécier ces facéties.
Pierre-Olivier Mornas et Alice d’Arceaux naviguent entre légèreté burlesque et nuances plus graves, conférant à chaque tableau un aspect distinct, comme autant de variations sensibles sur le thème du couple, toujours avec une pointe d’ironie grinçante qui fait mouche. On se laisse porter par ce duo de comédiens assez complice. Ils manient avec finesse le comique de caractère, alternant burlesque et moments plus graves. La dynamique est donnée par cette fragmentation thématique, un peu cliché, donner grâce à l’élégante mise en scène avec des mises en lumière. Parfois, un écart de côté, où l’homme porte une perruque avec en main un livre sur lequel est écrit code civil. Il est nécessaire de reprendre les textes de loi pour expliquer les situations. Pendant ce temps, la comédienne peut changer de robe. L’ennui n’est jamais invité. On est happé jusqu’au dernier moment où le sourire ne nous quitte jamais. Un rythme qui capte l’attention et nourrit la complicité avec le public.
Un savoureux moment de théâtre, vif, intelligent et drôlement lucide sur le couple marié. Une démonstration subtile que les petits riens du quotidien valent tous les grands sacrifices ou pas. À voir pour rire, réfléchi et peut-être mieux se reconnaître ou se distinguer.
Où voir le spectacle?
Au théâtre de Poche jusqu’au 2 novembre 2025