Niquer la fatalité est une œuvre bouleversante, un hymne à la liberté et à la révolte féminine. Par son énergie brute et son engagement profond, Estelle Meyer nous invite dans un espace de transformation où l’art devient un moyen de guérison, de dénonciation et de rébellion. Ce spectacle, à la fois intime et universel, transcende les genres et les frontières pour nous toucher au plus profond de notre être.

Estelle Meyer incarne dans Niquer la fatalité une femme en quête de liberté, d’identité et de réappropriation de son destin. Loin des discours figés ou des conventions attendues, elle fusionne théâtre, poésie, danse et musique pour créer une expérience unique et vibrante. Dès les premières notes, elle capte l’attention et ne la relâche jamais, osant tout : l’humour, la tendresse, la colère et la douleur. Dans un jeu magistral, où chaque geste, chaque mot semble méticuleusement choisi, elle dévoile une puissance rare, une grande profondeur qui fait de ce spectacle une véritable catharsis collective. « Nous sommes étincelantes ».

À travers un dialogue imaginaire avec Gisèle Halimi, figure emblématique de la lutte féministe, Estelle Meyer rend hommage à l’héritage des femmes qui ont résisté et se sont battues pour défendre leurs droits. Incroyable performance lors de sa plaidoirie lors de l’affaire Tonglet-Castellano où des touristes lesbiennes se font violer. Loin d’être une simple reconstitution historique, elle tisse les fils de cette histoire pour en faire une conversation personnelle et intime, où chaque spectatrice se retrouve, se reconnaît. Cette fusion entre la mémoire des luttes passées et les réalités contemporaines du féminisme donne une portée presque mystique au spectacle, où la force de ses mots se mêle à la beauté de la poésie et à la musicalité de sa voix.

Le mélange entre le sérieux du sujet et l’humour subtil, la lumière et la noirceur, fait de cette performance un incroyable tour de force. Les thèmes lourds, comme le viol, la découverte du corps féminin ou les violences sexuelles, sont abordés avec une sincérité brute qui ne cherche pas à échapper à la douleur, mais la transforme. Dans cette démarche, l’art devient guérison et réconciliation, un chemin vers la lumière après l’obscurité. Estelle Meyer, en tant que comédienne, danseuse et chanteuse, devient porteuse de ces luttes, incarnant une femme qui ne se laisse jamais définir par sa souffrance. Elle trouve en elle la force de renaître à chaque instant.

Les musiciens, Grégoire Letouvet et Pierre Demange, accompagnent parfaitement cette performance en apportant une dimension sonore à chaque émotion vécue sur scène. Leur présence crée une ambiance presque sacrée, une rythmique qui vibre à l’unisson avec la voix d’Estelle Meyer, donnant ainsi à chaque chanson, chaque texte, une intensité incomparable. L’interaction avec le public, subtile et respectueuse, renforce cette connexion, cette sensation de vivre une expérience partagée où chacune est invité à se retrouver, à se libérer.

Le génie de Niquer la fatalité réside dans cette capacité à aborder des thèmes essentiels, sensibles, taboue avec une énergie inébranlable et une tendresse palpable. Estelle Meyer n’a pas peur de dévoiler ses fragilités, mais elle les transforme en force, en acte de résistance. Elle pousse à la réflexion tout en libérant les émotions, invitant chacun à redéfinir sa place dans un monde où la liberté des femmes et des hommes est essentielle. Le spectacle est une véritable claque émotionnelle, une célébration de la vie, du corps, du sexe et de la liberté, où l’on se sent vivants, entiers, et prêts à lutter pour un avenir meilleur. La scène de fin est incroyable et puissante.

Niquer la fatalité est un chef-d’œuvre vibrant, une expérience immersive et transformatrice. Estelle Meyer, par son talent inouï et son engagement sans faille, nous offre bien plus qu’un spectacle : un acte de rébellion, de guérison et de libération. C’est un appel à la liberté et à l’amour, à la déconstruction des carcans sociaux et à la célébration de notre humanité dans toute sa diversité.

Où voir le spectacle? 
Au Théâtre 13 jusqu’au 14 février 2025

 

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