
L’alliance entre science et théâtre trouve ici un terrain d’expression. Deux complices mêlent leurs disciplines pour créer un espace où le sérieux de la recherche se marie à la fantaisie scénique. Une petite forme, vive et curieuse, qui cherche avant tout à ouvrir grand les portes de la curiosité.
Le festival Les Savants font leur festival offre chaque année des rencontres improbables et ce duo en incarne l’esprit. Jean-Baptiste Aubin, maître de conférences en statistique à l’INSA Lyon et Leslie Peeters, cheffe de chœur, professeure de direction de chœur, chanteuse et pianiste au CNSMD Lyon, façonnent ensemble une traversée où rigueur scientifique et imaginaire théâtral avancent main dans la main. Leur complicité nourrit une belle dynamique qui invite le public à s’approcher sans crainte d’un sujet réputé intimidant, celui des mathématiques et de la perception du son. Loin d’un discours professoral, la séance déploie une manière ludique de poser des questions essentielles, qu’il s’agisse de fréquence ou de calcul avec e par exemple. Le duo valorise l’étonnement comme moteur principal, tout en tissant des passerelles entre des calculs et ses représentations. Une atmosphère chaleureuse enveloppe la salle grâce à une adresse directe, ponctuée de clins d’œil, qui développe de la convivialité.
La présence d’objets simples avec des chaises, un ordinateur et un écran agissent comme un prolongement du récit. La voix devient source de sens, imitant la manière dont les scientifiques appréhendent le son. La parole circule librement entre précision et humour, donnant à cette courte création un rythme vif particulièrement accessible pour un public large, surtout les scolaires. Les touches comiques s’insèrent comme des respirations parfaitement dosées, permettant à chacun de se laisser porter sans se sentir perdu. On goûte la capacité du spectacle à tisser une narration même à tirer de grosses ficelles. Ce qui se joue là dépasse la simple transmission de savoir. Il s’agit d’un théâtre qui remet la curiosité au centre de l’intérêt. L’échange nourri entre les disciplines crée un spectacle pensé comme une parenthèse où l’on redécouvre nos capacités d’observation et de patience. Les transitions entre explication, anecdote et démonstration se font avec fluidité. L’ensemble dégage une bienveillance communicative, invitant chacun à se réapproprier des notions oubliées et peu pratique avec des e, des i et de Pi . L’écoute du public se renforce peu à peu, encouragée par l’appel à participation et de la demande de connivence avec les blagues faciles. En quittant la salle, on reste sur notre faim avec certes une musique en tête. Dommage.
Un moment singulier qui rappelle que la connaissance peut être un terrain de jeu. Une proposition inventive qui nous convainc que le théâtre et les sciences vont très bien ensemble.