On rencontre un homme, seul, face à son histoire, à son corps, à ses choix et aux réflexions de son entourage. Sur un plateau presque nu, des confettis en paquet et il nous plonge au coeur de sa vie intime. Ce spectacle questionne l’identité masculine, la filiation et la mémoire du corps avec une audace à la fois tendre, drôle et touchante.

Dans ce troisième volet de sa trilogie autobiographique, Mickaël Délis poursuit son exploration du moi avec un courage et détermination. Après avoir parlé de la virilité et de l’amour, il aborde ici le don de sperme, un sujet aussi tabou que fascinant. Peu d’artistes osent s’y confronter, encore moins en faire la matière d’un seul-en-scène aussi limpide et percutant. Il raconte son expérience sans détour, avec pudeur, humour et une forme d’honnêteté surprenante. Le texte oscille entre la confidence, le stand-up et le manifeste, interrogeant ce que signifie « donner la vie » sans en être le père. On rit souvent, on s’émeut parfois, et on se surprend à réfléchir à la générosité, à la transmission, à la notion même de filiation. Parler de gonades avec un sérieux scientifique et une malice d’enfant devient un moment d’anthologie. On rit puis se tait, conscient de la portée de ce qu’elle vient d’entendre.

Le comédien fait preuve d’une présence exceptionnelle grâce à son charisme naturel. Avec une économie de gestes, un regard perçant et une diction précise, Mickaël Délis captive du début à la fin. Il passe du burlesque au sensible sans transition apparente, dans une fluidité rare. Son aisance scénique transforme chaque silence en respiration, chaque mot en confidence. La mise en scène d’une intelligence discrète, de Clément le Disquay et David Délis, l’accompagne à merveille. On s’émerveille des morceaux de papier qu’il manipule, froisse, lance ou déplie, deviennent les traces de sa mémoire, les fragments d’une vie qu’il recompose sous nos yeux. Ces papiers volants, simples et poétiques, incarnent la fragilité du souvenir et la beauté du désordre intérieur. L’ensemble crée un espace vivant, mouvant, presque chorégraphique. On a le sentiment d’assister à quelque chose d’unique, où le geste rejoint la pensée et où le théâtre se fait confession joyeuse et sincère.

Il faut saluer la cohérence et la profondeur de cette trilogie qui, au fil des spectacles, dessine un autoportrait d’homme en reconstruction. Les Paillettes de leur vie explore le rapport au don, à la masculinité et à la liberté avec une justesse rare. L’écriture, fine et drôle, touche par sa sincérité et sa précision émotionnelle. On sent une envie de partager sans jamais asséner, de transmettre sans juger. C’est cette générosité qui fait la force du spectacle. C’est celle d’un comédien qui met son intimité au service d’une réflexion universelle. La mise en scène parvient à sublimer le propos sans l’écraser, dans un équilibre parfait entre légèreté et profondeur. Ce qui explique que tout le public se lèvre pour applaudir l’artiste. Il ne pourrait en être autrement.

Un seul-en-scène audacieux, sincère et lumineux. Mickaël Délis y déploie un talent exceptionnel, alliant émotion, humour et sens du partage. Un spectacle profondément humain, à voir absolument, pour rire, réfléchir et se souvenir que donner, c’est aussi se raconter.

Où voir le spectacle? 
A la Scala jusqu’au 3 janvier 2026

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